À la poursuite des Ferrari

Pegaso Z-102 B

© Classic & Sports Car / Manuel Portugal

Avec la Pegaso Z-102 B, l’ingénieur espagnol Wifredo Ricart visait le meilleur en matière de voiture de sport. Bien que bénéficiant d’un moteur fabuleux et d’une forme hors du commun, le modèle n’a pas dépassé une toute petite série.

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Une queue de voitures se forme derrière nous, à la seule pompe à essence à des kilomètres à la ronde. Mais c’est le Portugal et personne ne klaxonne : trop polis pour cela. Quoi qu’il en soit, ma confiance s’étiole alors que, sur le siège passager, le propriétaire de la voiture prodigue ses conseils : donc c’est une boîte non synchronisée, à grille inversée, avec première décalée. Bien sûr. Je débraye, déplace le levier et… essaye encore… et encore. Cette satané première est-elle donc si difficile à engager ? Enfin, après plusieurs tentatives et le front couvert de sueur, il y a un « clonk » et nous démarrons dans un soubresaut maladroit. Encore quatre autres rapports à passer. La journée va être longue…

La vérité, c’est qu’une Pegaso Z-102 B 1953 est difficile à conduire. Cette remarquable machine n’offre pas grand-chose de « normal ». Elle est singulière, souvent irritante et toujours fascinante. La ligne sublime de cette GT espagnole contribue à la magie, en plus d’une sonorité moteur rappelant une machine de Grand Prix des années 1950. Ajoutez un habitacle délicieusement lumineux, une finition superbe et une histoire tissée sur une étonnante trame de fond, et vous aurez une recette sans équivalent, malgré ses défauts.

Le simple fait que ce modèle ait vu le jour est remarquable en soi, compte tenu du climat politique dans lequel il a été conçu et de l’absence d’équipementiers pour contribuer à produire une telle machine. D’ailleurs, elle comportait peu d’éléments venant de l’extérieur. Elle répondait à une affaire de prestige, c’était un modèle-phare non seulement pour une firme qui produisait des véhicules utilitaires depuis moins de 10 ans, mais aussi pour l’Espagne elle-même.

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