
Leur superbe ligne milanaise et leur mécanique sophistiquée faisaient de l’Aston DB4 et de la Maserati 3500 GT des rivales naturelles. Martin Buckley s’installe au volant de ces deux machines de grande classe pour faire son choix.
La tenancière de la fourgonnette à frites n’apprécie guère que nous utilisions « son » aire de stationnement pour faire demi-tour. Elle ne peut pas voir Tony Baker, le photographe, posté à la sortie du virage, plus loin sur la route et, pour elle, nous ne sommes que deux gêneurs à bord de deux grosses voitures bruyantes risquant de faire fuir ses clients. Après trois ou quatre passages, elle n’y tient plus : surgissant hors de sa camionnette, les tatouages en forme d’ailes s’agitant avec agressivité, elle exprime énergiquement son mécontentement par la vitre légèrement entrouverte de la DB4. Mes tentatives d’apaisement la rassurant sur mes talents de conducteur et les mérites de notre démarche historique sont emportées par la brise du matin mais, finalement, elle retourne dans son QG en marmonnant quelque chose à propos d’appeler la police. Vous serez sans doute heureux d’apprendre que cette altercation n’a en rien perturbé ma journée : avec une Aston DB4 et une Maserati 3500 GT entre les mains, il en aurait fallu bien plus pour ternir notre bonne humeur !
Certes, le charme d’un six-cylindres double arbre et d’une carrosserie Superleggera n’est pas forcément évident pour tout le monde. Quelle importance en effet, pour la marchande de frites, que ces deux voitures bruyantes et polluantes (dont les valeurs totalisent trois quarts de million d’euros) représentent ce qui se faisait de mieux en matière de Grand Tourisme, à la fin des années 1950 et au début des années 1960 ?
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