
La Vanquish mêlait le talent artisanal à une technologie audacieuse et des performances ahurissantes. Steve Sutcliffe découvre ce choc de cultures.
S’il existe une voiture qui synthétise les valeurs de l’ancienne entreprise qu’était Aston Martin et celles de la marque plus ambitieuse, moins traditionnelle et beaucoup plus contemporaine qu’elle est devenue, c’est bien la Vanquish. Pas celle de 2012, mais la version originale de 2001, dessinée par Ian Callum.
En 1998, alors que la V8 Virage est la création la plus exotique d’Aston et que les ouvriers de Newport Pagnell fabriquent encore les voitures artisanalement, le concept car « Project Vantage » doit sembler une sorte d’ovni venu de l’espace intersidéral. Lorsqu’il est présenté au salon de Detroit cette année-là, on peut presque sentir les traditionnalistes frémir. Parce que c’est une Aston faite principalement d’aluminium et de carbone et dont le capot ne dissimule pas un V8 assemblé à la main, mais un V12 qui puise ses origines chez Ford. Pire encore, elle comporte une boîte commandée par palettes et un accélérateur « fly-by-wire », deux premières pour une Aston Martin.
Pourtant, lorsque la Vanquish entre en production trois ans plus tard, elle est loin de déplaire aux fanatiques de la marque, même les plus entêtés des traditionnalistes. Malgré sa forme du 21e siècle et sa technique avant-gardiste, elle est immédiatement considérée comme une voiture à prendre très au sérieux.
C’est une véritable Aston bien musclée et, abstraction faite de la commande par palettes, elle devient presque immédiatement l’héritière évidente de la V8 Vantage originale — la plus grosse et la plus virile des Aston jusque-là.
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