
La Jaguar XK 120 a connu quelques carrosseries spéciales, mais la plus spectaculaire est incontestablement la Supersonic de Ghia.
Bien que de nombreux Italiens soient anglophiles, on n’imagine guère que l’un d’eux cherche à marier un châssis italien et une carrosserie anglaise. Mais l’inverse est plus logique, comme le montre la spectaculaire Jaguar XK 120 1954 « Supersonic ». Par une étouffante journée estivale, difficile de garder une allure de dandy au volant de ce coupé bordeaux, mais il y a 60 ans, rouler avec dans Paris devait être du dernier chic. Avec son élégante carrosserie italienne enveloppant le châssis XK 120, et de rares ouïes d’aération pour laisser s’échapper l’air chaud du 6-cylindres 3,4 litres, vous pouvez être sûr de cuire à l’intérieur de l’habitacle séduisant mais étriqué.
Malgré ma petite taille, je suis à l’étroit, les genoux remontés autour du grand volant bois dont le moyeu est pointé vers la poitrine. Le tableau de bord est superbe, sa peinture deux tons s’accordant avec la sellerie luxueuse. Cinq compteurs sont regroupés dans un réceptacle, dont un compte-tours jusqu’à 6 000 tr/mn et un compteur de vitesses jusqu’à 240 km/h.
Une fois en route, les origines de la voiture apparaissent clairement. La direction Burman est légère et très démultipliée, la commande de la boîte Moss réclame un mouvement lent et bien décomposé et les freins à tambours sont ternes. Avec ses quelque 200 ch, le vigoureux moteur XK délivre son énergie dans un beau grondement, mais en courbe son poids sur l’avant entraîne un caractère sous-vireur. Les pneus étroits et un porte-à-faux important provoquent une inclinaison de la caisse en virage, mais la voiture sort des courbes avec brio et puissance. Comme sur une XK, le confort est bon et cette carrosserie Ghia souffre moins de craquements et grognements.
[…]