Grand Prix de Monaco

Les photos inconnues

© Classic & Sports Car / Michael Hewett

Photographe peu connu, Michael Hewett a pris d’étonnants clichés au Grand Prix de Monaco.

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« C’est une de mes photos, » précise une voix inconnue. « Celle-là aussi. Et celle-là, » poursuit la voix, en montrant John Surtees à Monaco, dans une Ferrari. Bizarre, alors que le Royal Automobile Club, à Londres, accueille une exposition d’œuvres de Keith Sutton et Mark Dickens réalisées à partir de photos sur le thème Ferrari. Mais sa cravate aux couleurs de la Principauté lui donne de la crédibilité et sa carte de visite le confirme : ces photos pourraient bien être de lui, Michael Hewett.

En lui rendant visite quelques mois plus tard, nous découvrons des murs couverts d’instantanés inconnus même des passionnés de F1. Hewett n’a pas suivi l’intégralité des saisons du Championnat, contrairement à Bernard Cahier ou Rainer Schlegelmilch, et ne jouit pas de la réputation qu’il mériterait. Sa spécialité, et celle de sa famille depuis plus de 100 ans, c’est le commerce de fruits et légumes.

Ses débuts photographiques ont été modestes, mais lui ont ensuite permis d’assister chaque année au plus exclusif des Grand Prix, avec accès toutes zones. « Je suis allé à Crystal Palace un lundi pluvieux, dans les années 50, » dit-il. « Quelques jours après, en lisant Autosport, j’ai trouvé les photos médiocres. La fois suivante, j’ai emmené un Kodak Retinette, ai fait quelques photos et me suis vraiment senti à l’aise dans la peau d’un photographe. Un de mes amis avait un magasin de photos et m’a montré comment développer en chambre noire. »

Il finira par utiliser la chambre noire au Palais de Monaco, mais auparavant il effectue ses premiers pas en course de Championnat du Monde de F1, lors du GP d’Angleterre à Aintree : « Nous avons dormi sommairement à l’intérieur du circuit, nous sommes levés tôt et, quand nous sommes sortis du circuit, un marchand de tabac/presse était ouvert et nous a dit : « Vous venez d’où ? » Nous lui avons expliqué et il nous a répondu : « En bien ce soir vous dormirez dans mon arrière-boutique. » Ce que nous avons fait, ainsi que l’année suivante.

C’est l’année où je suis passé par-dessus la barrière. Je n’avais pas de laisser-passer et ne savais pas comment en obtenir un, mais j’avais un bandeau « Presse » sans date ni lieu, fourni par un journal local qui m’avait un jour demandé de couvrir un meeting tout-terrain. Au bout de quelques tours, la police est passée et a fait sortir mon ami. Ils m’ont demandé mon laisser-passer et j’ai répondu, « J’ai fait la demande mais ils n’en avaient plus et m’ont donné ce bandeau en me disant que je n’aurais pas de problème. » Alors la police m’a dit, « Désolé de vous avoir dérangé, bonne journée. » Pas mal, non ? »

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