
En évoquant l’histoire de cette fantastique Ferrari 340, Mick Walsh rappelle la bataille épique que se sont livrées les machines les plus rapides de Maranello et les bolides argentés de Stuttgart.
Les célèbres Mille Miglia ont toujours été une chasse gardée italienne. En 24 éditions, seuls les constructeurs allemands ont sérieusement menacé les marques locales. À partir de 1948, Ferrari domine la situation mais l’engagement surprise de Mercedes en 1952 provoque l’inquiétude. On imagine facilement les discussions allant bontrain à Maranello en découvrant les photos d’un étonnant coupé testé sur le circuit de Solitude.
Lorsque l’Automobile Club de Brescia reçoit lesinformations sur les quatre coupés W194 profilés prévus pour le mois de mai, un coup de téléphone est sans doute passé à Enzo Ferrari pour lui transmettre. Même Rudi Caracciola, vainqueur des Mille Miglia 1931, est de retour. Ilfaut faire quelque chose pour résister à la présence germanique en terre latine.
Le travail commence au printemps sur un nouveau spider pour Piero Taruffi, équipé du moteur de Grand Prix, le V12 de 4,1 litres à un ACT par banc, conçu par Aurelio Lampredi. Pour recevoir cette mécanique de 320 ch, un châssis spécifique est réalisé, avec à l’arrière une suspension à deux ressorts à lames. Ce châssis est à peine envoyé chez Vignale, à Turin, que déjà la rumeur circule que Mercedes a effectué une reconnaissance de l’itinéraire avec deux berlines. Un coupé argenté est plus tard repéré entre Brescia et Rome, son passager prenant des notes sur les sections difficiles. Très organisés, les Allemands sont déterminés à gagner, en particulier Karl Kling que son accident au cours des essais n’a pas déstabilisé.
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