
L’une d’elle s’est vendue plus de vingt millions d’euros en 2013, défrayant la chronique et surprenant les foules. Mais après tout, cette machine n’est-elle pas la plus séduisante des Ferrari de route jamais produites ? C’est la question que pose James Elliott.
Si un film a su un jour résumer la personnalité d’une voiture et la fixer dans la mémoire, c’est celui réalisé par Norman Jewison en 1968, L’Affaire Thomas Crown. Alors qu’il participe à une partie de polo, tout semble sourire à Steve McQueen : il a l’allure, le prestige, les voitures, l’argent, le hold-up de Boston derrière lui et un avenir prometteur. Mais son monde se retourne lorsqu’apparaît Faye Dunaway, réussissant à voler la vedette au King of Cool avec sa détermination décontractée. Et comment s’y prend-elle ? Simplement en s’appuyant, avec une mimique fabuleusement glacée, sur le coffre d’une voiture splendide et extrêmement exclusive. La voiture en question est parfaite pour le rôle : tout comme Faye Dunaway, elle est terriblement séduisante et presque inatteignable et, tout comme Faye Dunaway, cette voiture rouge bordeaux a tellement impressionné Steve McQueen qu’il s’en est offert une dans la vraie vie.
La voiture était, bien sûr, une Ferrari 275GTS/4 NART Spyder (ou 275GT/4/S, 275/ GT B/4, ou même 275GTB/4*S, en fonction du document Ferrari que vous consultez !), version décapotable de la 275 GTB/4, remplaçante de la 250. Il s’agissait d’une des dix produites — dont deux avec coque aluminium — et, comme le laisse supposer l’appellation NART (North American Racing Team), elle répondait à une demande de l’importateur Ferrari aux États-Unis, Luigi Chinetti. La base de ce cabriolet spectaculaire était la 275, dernière GT Ferrari aux formes généreuses, avant les 330 et Daytona au dessin plus tendu. Cette voiture au nez plantureux et à l’arrière court a commencé sa carrière comme berlinette biplace dessinée par Pininfarina, équipée d’une version 3 286 cm3 du V12 de Giotto Colombo. Elle adoptait aussi la boîte cinq vitesses accolée au pont arrière, qui allait devenir une marque de fabrique. Lancée en 1964, elle était rapidement complétée d’une version cabriolet plus banale, mais les motifs de réjouissance allaient venir plus tard. En 1966 apparaissait la version quatre arbres — avec six Weber 40DCN9 en série — dotée d’une carrosserie revue par Scaglietti, mais cela ne suffisait pas à un certain spécialiste Ferrari et patron d’écurie américain.
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