
Belle et charismatique, la Ferrari 512 n’a pu donner qu’un aperçu de son potentiel, face à l’omniprésente Porsche 917. Marc Sonnery se glisse dans le baquet pour en raconter l’histoire.
Le monde changeant des courses d’endurance, à la fin des années 1960, s’est révélé difficile pour Ferrari, surtout après la surprise provoquée par la présentation de la Porsche 917 au Salon de Genève 1970. Suite à la nouvelle formule 3 litres, le constructeur allemand profitait d’une faille permettant d’opter pour une cylindrée de 5 litres à condition de produire au moins 25 exemplaires. La toute nouvelle 312 P de Maranello était par conséquent immédiatement dépassée, forçant Ferrari à suivre la voie ouverte par Porsche : quelques mois plus tard apparaissait la 512 S.
Le contexte était tendu car la nouvelle voiture devait être mise au point parallèlement aux programmes de Formule 1, Formule 2 et Can-Am. Les ressources de l’entreprise étaient donc durement sollicitées. « Le projet a démarré juste avant l’arrivée des finances de Fiat, en 1969, » rappelle Mauro Forghieri, ancien patron de la compétition chez Ferrari. « C’était un nouveau modèle correspondant au règlement qu’il devait respecter, avec un moteur et une transmission plus imposants [que ceux de la 312 P] ; comme il fallait en produire plusieurs exemplaires, le coût était élevé. Nous avons utilisé des modèles existant en les modifiant. À cause du délai nécessaire pour obtenir le feu vert, ainsi que d’autres engagements, la voiture a été mise au point en deux mois, notre force étant que nous formions une équipe unie. Je dirigeais l’ensemble pour les idées techniques.» Basée sur des créations récentes comme la 612 Can-Am, la 512 S comportait un châssis tubulaire semi-monocoque, une suspension par doubles triangles et combinés ressorts-amortisseurs, et un V12 de 4 993 cm3 quatre arbres développant 550 ch à 8 500 tr/mn. Elle était prévue en version ouverte et fermée et certains éléments de carrosserie étaient en polycarbonate, technique tellement nouvelle en Italie que Ferrari a dû sous-traiter les travaux à certains ateliers de fabrication de bateaux et même de manèges forains.
[…]