En prenant le volant d’une Lotus Elan magnifiquement restaurée, nous empruntons quelques-unes des plus belles routes des Alpes suisses, dont le légendaire col du Klausen.
Peut-être à cause de mon âge, ou en réaction aux énormes voitures modernes, j’avoue une fascination pour les petites voitures. Des Bugatti Brescia aux Mini Cooper, il est rare de trouver ce genre de machine dans les collections prestigieuses mais, quand c’est le cas, cela traduit une authentique passion. L’extraordinaire Lotus Elan devrait faire partie des voitures les plus admirées des amateurs, mais un compartiment moteur peu pratique, des problèmes électriques et les bricolages de propriétaires irrités ont terni sa réputation.
Une S4 restaurée par un spécialiste suisse semble pourtant la machine idéale pour les sublimes routes des Alpes et, lors d’un voyage à Zurich, Lukas Hüni me propose généreusement les clés d’une beauté vert foncé pour parcourir le col du Klausen, un de mes parcours préférés. Karl Blöchle, sculpteur et amateur éclairé, envisage d’abord de m’accompagner avec son Elite mais nous décidons finalement de voyager ensemble à bord de la S4. Un cabriolet Elan parfait, une compagnie sympathique et un itinéraire historique : la recette d’une journée idéale !
Évitant les autoroutes, nous quittons Zurich tôt le matin et je suis surpris du nombre de voitures anciennes circulant dans cette ville en milieu de semaine. L’Elan 1971 fonctionne parfaitement, très réactive à l’accélération, comme on peut s’y attendre d’une voiture refaite par le spécialiste Bruno Schaffner qui restaure depuis 30 ans les créations de Colin Chapman. Comme de nombreuses anciennes, l’Elan n’est pas vraiment à l’aise sur les autoroutes où il lui manque la rare option 5 rapports de la +2. Mais elle retrouve son décor favori avec les routes sinueuses approchant Pfannenstiel. La direction à crémaillère, légère et précise, est digne d’une monoplace, alors que la tenue de route se montre superbe, avec une maniabilité réclamant l’implication du conducteur. Pour compléter ce brillant comportement, l’Elan vous ménage la colonne vertébrale avec un confort de bon aloi même sur mauvais re-vê-tement. Blöchle, ancien propriétaire d’Elan, partage mon enthousiasme mais il critique les vues à court terme de Chapman et une conception peu pratique. L’entretien de la voiture n’a jamais fait partie des soucis de ce brillant ingénieur et vous vous demandez même s’il s’attendait à ce que ses voitures durent…
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