Pour la première fois, nous avons pu réunir la première et la dernière voiture produites dans les ateliers de HWM, en Angleterre : la barquette « Streamliner » et le coupé GT qui en est issu.
Nous roulons sur une route de campagne qui longe le Rhin, entre les vignobles. Nos deux voitures sont très différentes : une barquette de compétition dotée d’un sonore 4-cylindres double arbre, et un luxueux coupé à moteur Jaguar. Il s’agit de la toute première et de la toute dernière voiture produites par un très petit constructeur qui, dans l’époque austère de l’immédiat après-guerre, a été le premier à défendre les couleurs britanniques sur les circuits européens. Pourtant, la marque HWM est presque oubliée, même si le nom subsiste sur la façade d’un des plus anciens agents Aston Martin.
Avant la guerre, John Heath possède deux petits garages dans deux villes voisines du Surrey, Hersham et Walton-on-Thames. Heath est grand, travaille beaucoup et refuse de tirer profit de son titre de baron : il considère qu’il ne se marie pas bien avec ses mains couvertes de cambouis. En 1945, il s’associe avec George Abecassis, individu élégant et décontracté qui fume des cigarettes de marque avec un fume-cigare et ne se salit pas les mains ; mais c’est aussi un pilote automobile de grande classe. Ensemble, ils ouvrent un garage à Walton et prennent le nom de Hersham & Walton Motors (HWM).
Heath est aussi impatient de se lancer dans la compétition qu’Abecassis d’y retourner, et ils sont tous deux très présents sur les premières épreuves d’après-guerre : sprints, courses de côte et compétitions balbutiantes sur le continent. HW Motors fait commerce de voitures de course, ce qui permet à Abecassis de courir au volant de Bugatti Type 59, ERA et Maserati 6 CM. Il utilise aussi une monoplace Alfa Romeo avec laquelle il s’est fait un nom avant-guerre. De son côté, Heath gagne en expérience avec deux Alta de sport.
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