
Ces trois berlines haut de gamme sont nées presque en même temps, à la fin des années 1960. Simon Charlesworth se replonge dans l’atmosphère de l’époque, quand ces voitures définissaient une catégorie en pleine croissance, où le luxe le disputait à la sportivité.
Lorsqu’a commencé le deuxième chapitre de l’histoire des berlines pour jeunes cadres dynamiques, les marques qui avaient ouvert le bal — Rover et Triumph — disparaissaient déjà dans les abîmes de BLMC. Mais les allemandes, observatrices, ont vite réalisé le potentiel de ce nouveau secteur et y ont rapidement répondu : Mercedes avec la W114/115 et BMW avec l’E3, le constructeur bavarois poursuivant son étonnant renouveau après avoir frôlé la ruine à la fin des années 1950.
La nouvelle génération de berlines sportives de luxe n’était plus représentée au Royaume-Uni que par un seul modèle : la Jaguar XJ6. Rover et Triumph allaient certes revoir leurs modèles de 1963, mais aussi bien la P6 Series 2 que la 2.5 PI Mk2 ne correspondaient qu’à de vieilles recettes dans un emballage rénové.
L’année 1967 avait vu apparaître des nuées de hippies à chemises à fleurs allant garder les moutons dans les communautés naissantes, et 1968 allait être l’année de « Faites l’amour, pas la guerre » et des étudiants descendant dans la rue armés de pavés. Avec cette actualité débordante, qui pouvait être suffisamment intéressé pour se rendre à Earls Court et visiter le 53e Salon Automobile, acheter un catalogue et passer la journée sous les panneaux des constructeurs en recevant la fumée de leurs cigarettes ? Au milieu des brochures en papier glacé réclamées par les écoliers, des jeunes filles aguicheuses et des voitures coupées laissant voir leurs entrailles, vous pouviez admirer les séduisantes nouveautés.
Le jeune cadre dont nous parlons, celui de 1968, était probablement âgé de 35 ans environ, avec une famille naissante (à tous les sens du terme) et installé en banlieue. Il avait sans doute envie de qualité, auréolée du prestige de la compétition, et sa nouvelle voiture devait montrer qu’il ne se préoccupait pas du credo de ses parents de « rester à sa place » en toute discrétion. Il aurait sans doute terminé sa visite du Salon autour de ce séduisant trio qui convenait parfaitement à son statut de classe moyenne, avec sa panoplie de costumes Ted Lapidus, de crème à raser Old Spice et de magnétophone Sony TC-530 à bandes.
[…]