
La E500 cache bien son jeu : sous la robe d’un taxi berlinois, elle cache une machine de 325 ch mise au point par Porsche. A découvrir avec Richard Heseltine.
Rétrospectivement, ce n’était pas une bonne idée. Il est tôt, il fait froid et un ancien tracé de course de côte bordé d’arbres en Pologne n’est pas le terrain idéal pour essayer une berline de 1,7 tonne. Et la Mercedes E500 n’est pas vraiment à l’aise d’être ainsi balancée d’un virage à l’autre. Pavés humides et motricité ne font pas bon ménage, ce qui provoque quelques situations scabreuses. Le voyant de contrôle de traction s’allume de façon intermittente quand l’adhérence est perdue, puis retrouvée, puis perdue à nouveau. C’est de pire en pire et nous ne sommes même pas à mi-distance.
Une heure plus tard, les craintes initiales ont laissé place à tout autre chose. En fait, la E500 est sans doute la meilleure super-berline qui ait jamais existé. Peut-être une des meilleures voitures de son époque. Elle dépasse les attentes et défie la force centrifuge, la surprise étant qu’elle ne donne pas l’impression d’un hot-rod d’usine, malgré ses 325 ch. Elle reste une Mercedes, produite avant que la qualité de fabrication ne connaisse des soucis, et très confortable en plus. Ce qui nous amène à la question : pourquoi est-elle si peu connue alors que la M5, sa rivale chez BMW, est considérée comme une authentique classique ?
Les raisons sont tellement nombreuses que l’on ne sait par où commencer. Revenons en mars 1991 : quand la première 500 E est arrivée sur le marché, elle affichait un prix astronomique, de l’ordre de 550 000 francs, soit 50 000 de plus que la M5. Et regardez sa forme. Pour un non-initié, elle ne se distingue pas d’une autre Mercedes de Classe E ; le genre de voiture fade et sans relief qui occupe les files de taxi devant les terminaux de n’importe quel aéroport du monde entier. Il fallait vraiment en avoir envie pour en acheter une.
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