
La Matra 670 victorieuse aux 24 Heures du Mans 1972 va être vendue aux enchères par Artcurial, au mois de février. Nous l’avons retrouvée sur le circuit du Mans, lieu de ses exploits.
Circuit du Mans, novembre 2020. Le froid est vif mais le temps gris de cette matinée d’automne n’entame en rien le plaisir d’être là. L’équipe de Bruno Perrin (EPAF) s’affaire autour du bolide bleu qui retrouve le lieu de ses exploits. Cette barquette large et plate n’est autre que la Mata 670-01 victorieuse aux 24 Heures du Mans 1972, dont le capot levé laisse voir le célèbre V12 de la marque, rendu légendaire par ses succès et sa sonorité.
Dernières vérifications, puis quelques coups de burette de carburant dans les trompettes d’admission, démarreur… Ça hoquette un peu et soudain, braaaamm !, les 12 cylindres s’éveillent à l’unisson, faisant vibrer le sol, les murs et… les cœurs. Le grand capot est refermé, la voiture poussée hors du stand et, pendant que le moteur chauffe par de brefs aboiements d’accélérateur, Anthony Beltoise enfile son casque rappelant le motif bleu et blanc qui ornait celui de son père. Il s’installe dans le baquet moulé, la porte se ferme et, poussée sur les premiers mètres par quelques volontaires pour soulager l’embrayage, la voiture s’élance sur un premier rapport qui semble ne jamais s’arrêter (« Il monte à 120 », précise Bruno Perrin), avant d’entamer la montée vers la passerelle Dunlop. Le moteur n’étant pas encore à température, il ne prend pas tous ses tours mais rien qu’à mi-régime, le hurlement est fascinant et atteint des aigus à couper le souffle. Il s’estompe lorsque la voiture disparaît derrière le bâtiment des tribunes, lointain écho de la clameur qui accompagnait la Matra lancée à pleine allure sur la ligne droite des Hunaudières, à une époque où elle n’était ralentie par aucune chicane… La réalité rejoint l’imaginaire lorsque la voiture réapparaît et que la flèche bleue passe devant les stands, déchirant les tympans en résonnant sur les tribunes vides…
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