
La GS a sauvé Citroën en comblant le fossé qui existait entre la 2 CV et la DS. Cette rare version des débuts souligne la pureté de son dessin et l’avant-gardisme de sa conception.
L’agent commercial en retraite se recule dans son siège : « Ah, la GS ! Je me souviens du lancement. Les distributeurs en pleuraient. De joie, bien sûr ! Citroën avait enfin écouté et lancé la voiture qu’ils réclamaient depuis si longtemps. » Cette conversation m’a intrigué et donné envie de mieux connaître la GS. Parce que si elle a été une réponse au réseau de distribution, elle a aussi souffert d’un démarrage laborieux. Le moteur 1 015 cm3 était jugé peu puissant, la voiture avait des problèmes de motricité, de fiabilité et une médiocre consommation (Autocar avait mesuré 12 l/100 km sur un essai complet). On considère généralement que le modèle a atteint la maturité en 1972 avec la version 1 220 cm3. Mais cela fait-il de la GS 1970 un mouton noir ?
Les propos de l’agent commercial résument l’attitude de Citroën, avant la GS : méprisante ? Incompétente ? Arrogante ? Sans doute les trois. La gamme Citroën démarrait avec l’indémodable 2 CV ; à l’autre extrémité, c’était la DS, une merveille technologique qui ouvrait de nouvelles perspectives dans le domaine des voitures de grande série. Entre les deux se casaient l’Ami 6, sorte de 2 CV de luxe à moteur 602 cm3, et l’ID, une DS simplifiée.
Il avait fallu cinq ans à Citroën pour répondre à la Renault Dauphine avec l’Ami 6. Et quand Renault a lancé une « 2 CV améliorée », la 4 L, Citroën a voulu poursuivre sa rivale nationalisée en justice pour avoir soi-disant plagié la conception de la 2 CV.
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