Shelby Cobra 289

Le Cobra est toujours vivant

© Classic & Sports Car / David Noels

La Shelby Cobra 289 n’a de moderne que sa date de fabrication. Se glisser derrière le volant et faire résonner le cri rauque du V8 Ford vous propulse instantanément en Californie au début des années 1960.

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Presque 60 ans après sa conception, ce qui frappe quand on s’approche d’une Cobra, c’est à quel point tout dans cette voiture respire la puissance, la brutalité. La gueule béante grande ouverte sous le capot, les pneus ultra-larges, les ailes bodybuildées, l’énorme pot d’échappement sur le côté, vous êtes prévenus, ça ne va pas rigoler. Et quand le V8 Ford démarre, ça ne plaisante plus du tout. Le small block de 8 cylindres et 4,7 litres, bloc et culasses en fonte, développe 375 ch avec un couple de tracteur, et ça s’entend.

Reconstruction ou continuation, modèle original ou pas, les débats alimentent les discussions. Ici, tout est clair. Contrairement à la « Hairy Canary » essayée dans ce numéro (voir p. 26), nous sommes en présence d’une voiture neuve certes, mais d’une authentique Shelby, produite par Shelby American Inc., reprenant point par point les spécifications du bolide produit entre 1962 et 1967. Un petit point d’histoire s’impose. Au cours de sa carrière de pilote, démarrée au début des années 1950, Carroll Shelby a eu l’opportunité de piloter quelques-unes des plus fantastiques voitures de cette époque. Ferrari, Maserati puis Aston Martin pour qui il gagne les 24 Heures du Mans en 1959. De ces expériences, il retirera une idée qui va s’avérer fondatrice pour la suite, toutes ces voitures sont magnifiques, très rapides, très chères mais avec des moteurs très complexes, souvent peu fiables, qui demandaient une armée de mécaniciens pour donner leur pleine mesure. Son idée était simple, prendre l’angle inverse en associant l’équilibre et la rapidité des châssis européen avec la puissance d’un V8 américain fiable et simple à entretenir par n’importe quel garagiste. L’histoire dit que le nom lui vint pendant un rêve, Cobra. Le concept devint réalité quand il apprit que la marque britannique AC Cars venait de perdre son moteur fourni jusqu’alors par Bristol. Ces voitures, Carroll Shelby les connaissait bien pour les avoir vues courir quand il était pilote, notamment aux 24 Heures du Mans. Ravis de l’opportunité, les Britanniques approuvent quand de l’autre côté de l’Atlantique, Shelby trouve un accord avec Ford qui a adoré l’idée de pouvoir mettre une concurrente dans les pattes de la Chevrolet Corvette. Le plan de Carroll Shelby était simple, faire courir les Cobra contre les Corvette aux USA et contre les Ferrari en Europe. Une confrontation avec les Italiens qui ne cessera de monter en pression jusqu’aux batailles épiques du Mans de la fin des années 1960 avec les Ford GT40. Mais ceci est une autre histoire.

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