
Malgré sa conception hâtive et ses défauts de jeunesse, ce cabriolet C-V8 expérimental aurait mérité une production en série.
Au milieu des années 60, les patrons de Jensen ont dû se mordre les doigts d’avoir vendu un prototype à un client privé. L’énorme dossier d’archives qui accompagne cet unique cabriolet C-V8 raconte l’histoire d’une voiture qui n’était pas correctement aboutie avant sa livraison en 1965 à son premier et célèbre propriétaire. Suffisamment spacieux pour accueillir 4 personnes, c’était le premier cabriolet Jensen officiel depuis l’abandon de l’Interceptor à moteur Austin 4 litres, le constructeur ayant perdu le goût des voitures découvrables (au moins sous son propre nom) avec le lancement en 1954 de la 541 dont le dessin effilé ne se prêtait guère à une telle modification.
Mais l’idée d’un cabriolet C-V8 était plus difficile à écarter. Malgré ses phares en biais controversés, l’arrivée en 1962 de la version à moteur Chrysler changeait complètement la donne car elle pouvait prétendre au titre de 4-places la plus rapide du monde, en accélération. Capable de 210 km/h en pointe, elle se montrait au niveau des Aston Martin et Rolls-Royce, dans un secteur où les acheteurs s’attendaient à disposer aussi d’une version ouverte.
Ce marché de niche offrait un réel potentiel et même une marque comme Alvis tirait son épingle du jeu avec ses cabriolets, alors pourquoi pas la C-V8 dont le robuste châssis constitué de tubes soudés et d’emboutis en acier semblait parfaitement à même de supporter la découpe du pavillon ?
Un des clients Jensen partageait visiblement ce point de vue, mais n’a effectué que la moitié du travail et s’est contenté d’une transformation en coupé découvrable « Sedanca de Ville ». La voiture était intéressante mais il lui manquait l’attrait visuel des gros cabriolets Jensen qui avaient contribué à forger l’image du constructeur au cours des années 30.
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