
C’est Kenny Bräck, vainqueur des 500 Miles d’Indianapolis en 1999, qui parle ainsi de la fantastique Cobra Daytona. Mick Walsh prend les commandes de la voiture pilotée par Bob Bondurant au Tour de France 1964.
« Tu préfèrerais une Cobra Daytona ou une Ferrari GTO ? » m’a demandé un ami, après que j’ai conduit la plus désirable des Cobra. Pas facile de choisir entre ces deux rivales mythiques des saisons 1964 et 1965, quand les GT de compétition ressemblaient encore à des voitures de série. Je sais, ce n’est pas logique, mais je prends tout de même celle qui a le gros V8 Ford. Gamin, j’étais déjà accro à ce cocktail de brutalité, d’exclusivité et d’exotisme. Aujourd’hui, les amateurs sont gâtés d’avoir l’occasion d’en approcher mais moi, j’ai attendu la trentaine pour enfin en voir une en réalité. J’avais tous les livres, toutes les miniatures, je connaissais les numéros de châssis par cœur et je ne me lassais pas d’entendre l’histoire de sa création par Pete Brock contre tout le clan Shelby. Cette passion, combinée à la plus épique des rivalités de l’histoire de la compétition, ne faisait que renforcer ma fascination pour cette icône qui avait osé défier Ferrari.
Alors que je passe la main par la fenêtre coulissante pour attraper la poignée de CSX 2300 – la quatrième construite – me vient à l’esprit toute une ribambelle d’images, de la mise au point dans le petit atelier de Venice à la dernière course à Enna, en plein fief de la Mafia sicilienne.
La portière en aluminium est légère et il faut se tortiller pour trouver place dans le baquet de Caterham qui a remplacé le siège original en vinyle rembourré. L’intérieur est noir satiné, avec cinq cadrans – un compte-tours Smith et des compteurs Stewart-Warner, tous à droite du volant – et une volée d’interrupteurs sur la console centrale. Très austère, comparé aux lignes extérieures, séduisantes et aguicheuses. C’est fonctionnel, pratique et étonnamment spacieux, avec une vue bien dégagée sur le capot, à travers le pare-brise aux fins montants. Pete Brock s’était arrangé pour que tout le monde trouve ses aises, du costaud Davey MacDonald au fluet Ken Miles. Les pédales articulées au plancher et siglées AC attestent de l’origine du châssis, fabriqué à Thames Ditton avant d’être expédié en Californie. AC avait facturé 363 £ à Shelby American pour le châssis CSX 2300 avant de l’expédier par avion à Los Angeles. Là, il a été renforcé par un caisson triangulaire et un arceau de sécurité derrière les sièges.
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