Plymouth Road Runner 440 – Dodge Super Bee 440

Reines du 400 mètres !

© Classic & Sports Car / James Mann

La Plymouth Road Runner et la Dodge Super Bee avaient leur version spécialement préparée par le constructeur pour attaquer les pistes de dragster.

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Les magazines de hot-rod des années 60 étaient remplis de photos de pistes de dragster américaines, de Pomona à Princeton. Les machines extrêmes des catégories Fuel Altered ou Funny Car donnaient le ton, mais vous trouviez toujours une photo de deux berlines standard (à part les jantes et une peinture flashy), proches des Dodge et Plymouth de ces pages, pilotes concentrés sur la rampe de feux de départ.

Pour des yeux européens, ces voitures paraissaient énormes, mais pour les Américains il s’agissait de familiales de taille moyenne. Dotées de seulement deux portes, elles ne faisaient pas de concessions apparentes aux performances, à l’exception des Mustang et Camaro. Ces machines surpuissantes couraient en Super Stock [voitures de série], catégorie qui en 1969 était sur le déclin malgré un passé riche sur les pistes d’accélération. Même la vogue des muscle cars, alors au sommet et incarnée par ce duo du groupe Chrysler, n’a pas suffit pour inverser la tendance.

Le destin du Super Stock avait été scellé en 1966 avec l’arrivée des Funny Car, mais jusque-là les règles étaient simples : si la voiture était produite par l’usine, vous pouviez vous présenter au départ. Des modifications limitées étaient autorisées, les jantes, pneus et échappement faisant l’objet de toutes les attentions, mais les constructeurs étaient incités à proposer leur propre version spéciale. « Gagnez le dimanche, vendez le lundi » est devenu le mantra des « Big Three » [GM, Ford, Chrysler] et, à la fin des années 50, malgré les apparences, ils étaient engagé dans une guerre discrète. Par exemple, en 1959, Pontiac est passée du statut de marque préférée des professeurs à la retraite à celui de constructeur de la première voiture de série atteignant 160 km/h sur 400 m, en à peine 14 s. Les dix années suivantes ont connu une escalade dans la guerre du bitume qui, pour beaucoup, correspond au summum de l’automobile américaine.

Sachant que nous vivons aujourd’hui dans un monde où l’on nous prévient que le café pourrait être « chaud » et que « les objets vus dans un miroir sont plus près qu’ils ne paraissent », il est incroyable de penser que les constructeurs américains vendaient au public de véritables missiles sur roues. Et personne ne s’en cachait : les messages publicitaires de Detroit soulignaient avec insistance les performances hors du commun de leurs machines. Même les photos étaient effectuées sur une piste de dragster plutôt que dans un luxueux studio ou sur un fond méditerranéen. Les marques et les distributeurs investissaient même des sommes importantes pour assister des équipes de course indépendantes. Pour défendre les couleurs de Dodge il y avait « Dandy » Dick Landy, alors que l’honneur de Plymouth était entre les mains de Ronnie Sox et Buddy Martin. Les deux équipes parcouraient les États-Unis et, entre les courses, donnaient des conférences chez les distributeurs (les « Performance Clinic ») à un public constitué de jeunes garçons avides de vitesse. Il était rare de parler de sécurité routière…

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