
Précédant le Range Rover de huit ans, le Jeep Wagoneer a ouvert la voie aux premiers 4×4 de luxe et SUV. Martin Buckley prend la route des États-Unis.
Le nom à lui seul est un trait de génie : Wagoneer. Il évoque les grands espaces, les pistes vierges et l’immensité de l’Amérique. Un énorme break à moteur V8 capable de vous emmener avec toute la famille en tout confort sur l’autoroute, de traverser un désert ou de se jouer des chemins creux pour se rendre sur les rives d’un lac où vous passerez plusieurs jours sans rencontrer âme qui vive. Le Kaiser Jeep Wagoneer était quelque chose de complètement nouveau qui offrait une combinaison de puissance, capacité de franchissement, volume et confort encore jamais vue.
Offrant six places, une vaste surface de chargement et une lunette arrière électrique, le Wagoneer pouvait faire les courses aussi bien que n’importe quel autre break américain, mais ses quatre roues motrices et sa généreuse garde au sol permettaient en plus de sortir des sentiers battus. Avec sa forme élégante et son gros V8, il pourrait faire office de Range Rover américain, mais c’est l’inverse qui est vrai. Précédant de huit ans le fameux 4×4 anglais de luxe, il a connu une carrière de 28 ans, une des plus longues de l’histoire automobile américaine.
L’ironie du Wagoneer est qu’il a été conçu par Brooks Stevens, celui qui a lancé l’expression : « Obsolescence programmée ». A part son Excalibur du plus pur style néo-classique, le Wagoneer est certainement sa réalisation la plus connue. Styliste très polyvalent, dans le moule de Raymond Loewy, Stevens était capable de dessiner des wagons d’observation, des instruments électroménagers, des emballages ou des bâtiments.
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