Dans les années 30, l’éclat de Bugatti a commencé à pâlir en Grand Prix, mais pas sur la route, comme les prouvent ces 55 et 57.
© Classic & Sports Car / Tony Baker
Les landes du Yorkshire du Nord offrent des paysages superbes, mais les deux Bugatti qui les traversent rivalisent avec la beauté du site. Il est aujourd’hui rarissime de croiser une fille de Molsheim, alors ces roadsters Type 55 et Type 57 S accompagnés du grondement exotique de leur 8-cylindres en ligne constituent un spectacle fabuleux.
Alors que les deux voitures filent sur les routes désertes, la Type 55, avec ses lignes fluides et sa peinture Art Déco jaune et noir, présente un contraste spectaculaire avec la Type 57 S bleue, longue et basse. Pourtant, elles ne sont séparées que de quatre ans : la 55 est dotée d’une carrosserie usine alors que la 57 S a été vendue en châssis et carrossée par l’atelier anglais Corsica, puis continuellement perfectionnée par son deuxième propriétaire.
Ces deux légendes peuvent dépasser 160 km/h. La 55 est dotée d’un moteur double arbre 2,3 litres de Type 51 à compresseur et vilebrequin sur rouleaux, alors que le 3,2 litres atmosphérique à paliers lisses de la 57 S développe près de 200 ch.
Toutes deux sont dans un état fantastique et appartiennent de longue date à Neil Corner, célèbre collectionneur qui a possédé certaines des machines de course les plus prestigieuses de tous les temps. Passionné de Bugatti, il considère avec son épouse Freda que les voitures sont faites pour rouler, et ils ont parcouru d’innombrables kilomètres avec les deux Bugatti, qui restent leurs préférées. Les Bentley à compresseur, Alfa 8 C et Ferrari 250 sont venues et reparties, mais les deux Bugatti sont restées une constante, ce qui en dit long sur l’attrait de ces voitures.
La comparaison entre les deux est fascinante, tant en style qu’en spécifications. La 55 est née des moteurs de Type 51, dernière Bugatti dominante en Grand Prix, installés dans un châssis de Type 47 avec une boîte de Type 49. Sur les 38 exemplaires produits, 13 sont dotés d’une carrosserie usine qui correspond pour certains à la plus belle Bugatti de route. Avec ses superbes essieux forgés, ses ressorts à lames et ses jantes en aluminium coulé typiques de la marque, elle combine magistralement le style des deux générations de Bugatti car Jean, le fils d’Ettore, a joué un rôle important dans l’introduction du moteur à deux ACT et dans le dessin de sa carrosserie magnifique.
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