
A l’aube des années 60, Triumph, BMC et Ford ont proposé des modèles à la forme plus avenante, qui annonçaient un renouveau automobile.
Certaines voitures, comme ces Austin A40 « Farina », Ford Anglia 105 E et Triumph Herald, présentent aujourd’hui une certaine banalité qui tend à occulter l’impact qu’elles ont pu initialement provoquer. Leurs devancières (Austin A35, Ford 100 E et Standard 8) étaient des voitures honorables mais, à la fin des années 50, elles rappelaient une époque de brouillard, de démobilisation et de carnets de rationnement. Les derniers modèles de Longbridge, Canley et Dagenham promettaient la liberté : pour des échéances mensuelles raisonnables, vous pouviez vous lancer sur les routes.
Mais dans les années 70 l’Austin A40 n’était encore qu’une voiture d’occasion parmi d’autres, comme le rappelle Liz Smith, propriétaire de celle-ci. Elle a acquis plus tard un statut de classique, largement mérité. D’autant que, à son lancement en septembre 1958, le style italien était en train de devenir synonyme de société d’abondance. Les tailleurs proposaient des costumes à trois boutons et si l’acheteur d’A40 Farina préférait sans doute une tasse de thé à un expresso, il n’était plus engoncé dans les traditions.
La British Motor Corporation a commencé en 1955 à travailler sur l’ADO 8, qui allait être le premier produit dessiné par Battista « Pinin » Farina. Lors de la présentation de la nouvelle A40, BMC a déclaré qu’elle présentait « un aperçu du style des petites voitures du futur ». Plus de 60 ans après, il apparaît clairement que l’Austin a parfaitement réussi à combiner une image respectable et une allure moderne. Le moteur, la suspension et les freins provenaient de l’A35 mais en terme de forme et d’image la Farina, comme le proclamait la publicité, « Évolue dans les meilleurs cercles ». Un peu de snobisme était aussi d’actualité…
Comme sur la Ford et la Triumph, un des premiers éléments qui frappe sur l’Austin est la vaste surface vitrée permettant une « vision panoramique », selon le catalogue. L’A40 s’éloignait de modèles plus anciens dont les occupants avaient l’impression de regarder par un petit hublot. Une autre particularité est sa forme à deux volumes (mais sans hayon complet). Pour les traditionnalistes qui déploraient l’absence de coffre conventionnel, le vendeur pouvait vanter la banquette arrière repliable : « L’Austin A40 n’est pas juste un coffre accolé à une voiture. »
En 1959, BMC a lancé la Countryman avec son hayon arrière en deux parties et deux ans plus tard la Farina a évolué en MkII. En 1962 elle a reçu le moteur Austin Série A 1 098 cm3 et en 1963 les observateurs ont été surpris que l’Austin 1100 (ADO16) ne remplace pas l’A40. La production s’est poursuivie jusqu’en 1967, époque à laquelle cette Austin autrefois un tantinet radicale était alors considérée comme le summum de la respectabilité urbaine.
Smith a acheté cette A40 en 2015, la sixième en 40 ans. Cette version De Luxe bénéficie de vitres de custode ouvrantes et d’un pare-soleil passager, mais l’A40 reste la plus dépouillée de notre trio. Les vitres avant coulissantes traduisent un souci d’économie et le compteur de vitesse est issu de l’A35. « Elle est très amusante à conduire, grâce au volant relativement grand, à la direction réactive et à l’excellente visibilité, » indique-t-elle. « Elle réclame de l’attention : comme avec toute voiture ancienne, il faut anticiper. C’est d’ailleurs tout le plaisir, de vraiment conduire la voiture. »
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