
La MC12 doit plus à Maranello qu’à Bologne, mais elle a permis à Maserati de retrouver la gloire sur les circuits.
Le soleil inonde le circuit de Kyalami. Le mercure approche 35° et le bitume absorbe la chaleur comme une éponge, atteignant par endroit 60° alors qu’une poussière de ciment, étalé sur une flaque d’huile, auréole la piste. La température étouffante fait des ravages parmi les concurrents. Le carburant est en ébullition, les voitures hoquettent et celle de Pedro Rodríguez commence à avoir des problèmes de boîte. La situation n’est pas rose pour les Cooper à moteur Maserati.
Le Grand Prix d’Afrique du Sud 1967 se transforme en guerre d’usure, les conditions difficiles provoquant la casse des moteurs de Dan Gurney, Jim Clark et Jackie Stewart, ainsi que le V12 Maserati de Jochen Rindt et, quand tombe le drapeau à damiers, les voitures qui passent la ligne sont moins nombreuses que celles qui ont abandonné. Même Jack Brabham n’a pu suivre, laissant une bataille à trois entre le Rhodésien John Love, Rodríguez et John Surtees, dont les pieds sont couverts de cloques sur les pédales brûlantes de sa Honda RA300. Dans les derniers tours, un défaut d’allumage provoque sur la Cooper-Climax de Love une augmentation de consommation qui entraîne son arrêt pour un bref ravitaillement, laissant le champ libre à la Cooper-Maserati blessée de Rodríguez. Quand le Mexicain franchit la ligne d’arrivée, il clôt une histoire en course qui a commencé en 1926 avec la troisième place d’Alfieri Maserati dans sa catégorie, à la Targa Florio dans une Tipo 26. C’est la dernière victoire du constructeur en Grand Prix.
Compte tenu de la situation financière précaire du Trident dans les années qui ont suivi ce succès, il n’est pas surprenant qu’il ait fallu attendre le tournant du millénaire pour retrouver la marque au sommet du sport automobile. La famille Orsi a quitté le navire en 1968, laissant une période confuse avec Citroën, puis De Tomaso et, dans les années 90, le constructeur était sous perfusion des fonds du gouvernement italien. En 1994, il avait englouti 400 milliards de lires d’argent public. Ce n’est qu’avec l’implication de Ferrari, en 1997, après un bref passage entre les mains de Fiat, que Maserati a retrouvé la stabilité et a pu envisager de produire à nouveau des voitures de sport de haut niveau, voire de retourner à la compétition. Les derniers vestiges de l’ère De Tomaso ont été balayés quand la 3200 GT a laissé place au Coupé et au Spyder, mais l’attention s’est rapidement portée sur les circuits, avec l’opportunité de créer une voiture de compétition digne de l’association avec le Cheval Cabré.
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