Jankel Tempest

L'œil du cyclone

© Classic & Sports Car / John Bradshaw

La Jankel Tempest réclame le respect non seulement pour sa rareté, mais aussi pour ses performances qui lui ont valu d’entrer dans le Livre des Records.

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Je n’ai jamais attribué d’émotions humaines à des objets inanimés, mais cette fois je ne suis pas loin de penser que cette voiture est en colère contre moi. Elle a passé les 20 dernières années à l’abri d’un garage, la plupart du temps loin des regards indiscrets, sauf lorsque son propriétaire est de passage dans le pays. Comme aujourd’hui où elle sort sous la pluie dans un grondement désapprobateur, s’aventurant à contrecœur sur le revêtement boueux.

Je n’ai généralement guère d’hésitation à prendre les clés de quelque chose de nouveau, mais cette fois je suis heureux de laisser Brian Mcnally, le propriétaire, prendre le volant d’abord. Il suit la voiture où nous nous trouvons avec le photographe ; en un instant l’agressive calandre remplit le rétroviseur et j’ai l’impression d’avoir à nouveau six ans, demandant à mon père de ralentir pour laisser passer ce missile sur roues, en espérant que le conducteur a vu mes regards admiratifs et va accélérer à fond en nous dépassant dans un grondement de tonnerre.

Ironiquement, l’enfant de six ans n’aurait eu à l’époque aucune idée de celle qui le suivait. Une F40, une XJ220 ou même une 959 n’auraient pas de mystère pour un passionné de supercars, mais il vous faudrait certainement vous plonger dans d’anciens magazines pour identifier cette machine longue et basse, hérissée de prises d’air, comme étant une Robert Jankel Design Tempest. Et pour comprendre la raison qui la rendait tellement impressionnante : une accélération de 0 à 100 km/h en 3,3 s et une vitesse de pointe de 320 km/h dépassaient tout ce que l’on trouvait sur la route. Au moins sur le papier.

Malgré la fascination qu’elle a exercé sur les jeunes amateurs, la Jankel Tempest est particulièrement rare. Elle n’a été produite qu’à 35 exemplaires, presque tous vendus hors d’Angleterre à des clients absurdement riches. En croiser une au Royaume-Uni (la seule qui y réside) procure la même fébrilité que les plus exotiques des sportives italiennes.

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