A la fin des années 30, Peugeot ne brillait guère par ses exploits sportifs. Les 302 et 402 Spécial Sport, nées à l’initiative d’Émile Darl’mat sur un admirable dessin de Georges Paulin, sont venues bousculer la paisible marque en allant se frotter aux 24 Heures du Mans.
Curieusement, les 302 et 402 Darl’mat m’ont toujours laissé un peu partagé. Leur forme est évidemment impressionnante, mais leur mécanique ne me semblait pas à la hauteur de cette promesse esthétique. Aussi, quand Christophe Pund m’a annoncé qu’il en avait un exemplaire dans son garage, j’ai sauté sur l’occasion de remettre en cause cette idée trop arrêtée.
La forme, justement. C’est évidemment ce qui frappe d’emblée quand vous découvrez la voiture. Derrière le gros masque bombé rappelant un heaume de chevalier, la ligne s’étire, douce, fluide et élégante, comme épousant les coulées d’air filant sur la coque et les flasques de roues arrière, dans une recherche de profilage optimum.
Au milieu des années 30, l’aérodynamique est à la mode et chaque marque en fait sa propre analyse, souvent plus empirique que scientifique. Chez Citroën, la Traction impose dès 1934 sa ligne surbaissée permise par sa carrosserie monocoque alors que Peugeot adopte l’année suivante le « fuseau Sochaux » inspiré de la Chrysler Airflow. Chez Renault les idées sont plus aéronautiques et l’influence de Marcel Riffard se fait sentir sur les Vivastella Grand Sport. Les Anglais restent classiques mais en Allemagne, les travaux d’Alfred Jaray transparaissent sur certaines Adler et BMW. Les Italiens ne sont pas en reste et les longues lignes droites des Mille Miglia taillent la forme des Alfa 8C ou des berlinettes Fiat profilées.
Georges Paulin (voir encadré), auteur du dessin de la 302 Spécial Sport, affiche un style très personnel que l’on retrouve sur la célèbre Bentley « Embiricos », créée juste après les Peugeot Darl’mat. Sur celles-ci, l’on peut déceler des similitudes avec la 402 de Jean Andreau, dans une interprétation plus légère et moins formelle.
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