Ferrari 365 GT 2+2 Spyder NART

La Spéciale de "Coco" Chinetti

© Classic & Sports Car / Tony Baker

Que faire si les Ferrari de série ne vous plaisent pas ? Dessiner et fabriquer votre propre version, bien sûr ! C’est ce qu’a fait Luigi Chinetti Jnr avec une 365 GT 2+2.

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Pour certains, le sourire énigmatique de la Joconde est tout simplement irritant. Pour d’autres un plafond suspendu serait plus commode que les moulures peintes de la Chapelle Sixtine, les portraits de Picasso mériteraient plus de symétrie et le David de Michel-Ange devrait être un peu plus habillé. Après tout, l’art est subjectif, alors pourquoi devrait-il en aller autrement des formes automobiles ?

C’est sans doute ce qu’a pensé Luigi Chinetti Jnr (dit « Coco ») en face des carrosseries réalisées par Pininfarina pour Ferrari. Oui, elles étaient élégantes, mais assez conventionnelles et rarement très modernes, ni correctement ciblés pour le marché nord-américain que lui et son père avaient cultivé avec talent, en tant qu’importateurs de la marque. D’ailleurs, sa famille avait du répondant. Auprès des amateurs, le nom du North American Racing Team (NART) est aussi célèbre pour ses exploits en course que pour sa 275 GTB/4 transformée en cabriolet. D’ailleurs, un des 10 Spyder NART produits a atteint en 2013 lors d’une vente RM à Monterey l’enchère record de 20,8 millions d’euros.

Ce qui fait du présent Spyder NART une véritable affaire. Surtout si vous tenez compte de sa puissance supérieure (il est basé sur une 365 de 320 ch, au lieu d’une 275 de 300 ch) et de sa plus grande rareté, avec une production limitée à deux exemplaires. Et en attendant que Chinetti termine un prochain projet, c’est aujourd’hui le dernier Spyder NART produit…

Ce châssis 12605 est sorti des chaînes le 6 juin 1969 sous la forme d’une des 807 Ferrari 365 GT 2+2 fabriquées, dans l’élégante carrosserie coupé Pininfarina de teinte Grigio Mahmoud avec sellerie en cuir noir. Quelque 16 ans plus tard cette voiture, avec celle portant le numéro 12611, a été livrée en Italie pour renaître sous la forme de la 365 GT Spyder NART, ou 365 GT 2+2 Speciale.

La mission n’était pas simplement de redessiner la voiture, mais de la réinventer. Luigi, père de Coco, a remporté trois fois les 24 Heures du Mans et son fils est lui aussi passionné de vitesse, ayant établi des records en 1974 à Bonneville avec une 512 NART, à côté de Graham Hill et Paul Newman, tout en remportant une victoire de catégorie au Mans 1971 au volant d’une Daytona. Coco pouvait détecter, à travers la lourde carrosserie acier (avec quatre sièges en cuir, climatisation, direction assistée, freins assistés et vitres électriques), la légère structure tubulaire et le puissant V12. Dans un monde où la technique était de plus en plus complexe, il souhaitait revenir à quelque chose de plus basique.

« Nous voulions rendre les choses simples, » expliquait Chinetti en 2014 depuis sa résidence du Québec. « Et cette voiture était l’essence même de la simplicité ; elle est très dépouillée ! Elle suit la philosophie des voitures de sport européennes classiques : une machine conçue purement pour le plaisir, pour prendre le volant et se lancer sur la route.

Nous aurions pu nous baser sur une GTC car c’était une voiture courte, mais elle était chère et difficile à trouver. Comme nous voulions tout changer, il était logique de choisir un châssis moins cher. Toute l’opération se basait sur l’affirmation « Rien n’est impossible ». C’était une philosophie assez proche de ce qui se pratiquait chez les petits constructeurs anglais, ou dans le domaine des hot-rods américains : j’ai l’équipe, j’ai la capacité de fabriquer, cela coûte cher, mais c’est un projet vraiment amusant. »

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