Alors que le prix de sa devancière atteint des sommets, Greame Hurst rappelle les qualités de la Triumph TR6, en soulignant qu’elle offre les même sensations grisantes pour un prix moitié moindre.
L’évolution du style automobile présente une certaine ironie. Les décisions prises il y a 40 ou 50 ans pour améliorer un modèle sont parfois celles qui provoquent aujourd’hui une baisse de sa valeur. Lorsque Jaguar a modifié le plancher de sa Type E après une année de production, la position de conduite a été indiscutablement améliorée, mais c’est la version « plancher plat » qui est maintenant la plus recherchée. De même chez Lotus, les tentatives des ingénieurs pour rajeunir l’Elan — d’abord avec des freins plus gros et une finition plus luxueuse, puis des vitres électriques et une meilleure capote — ont amélioré le modèle, et pourtant c’est la Série 1 que convoitent les amateurs.
Ces paradoxes s’expliquent par les vieux principes de l’économie de marché, l’offre et la demande, et ils ne se limitent pas à des marques prestigieuses. Équiper la Triumph TR5 d’un six cylindres à injection a amélioré les performances de la populaire gamme TR, mais c’était une phase intermédiaire avant que le style n’accompagne ce changement mécanique, avec la TR6 de 1969. Avec une ligne plus incisive et plus moderne pour habiller le punch de la TR5, la TR6 a rencontré un succès immédiat qui a assuré l’avenir de Triumph. Au total, 13 912 exemplaires aux spécifications anglaises — et 77 938 versions américaines à carburateur ! — sont sortis en six ans de l’usine Triumph de Canley. Toutefois, quelque 34 ans après la fermeture de l’usine, cette production importante alimente indirectement l’intérêt pour les 2 947 exemplaires de TR5 sortis de chaîne au cours de l’année qui a suivi le lancement du modèle, en août 1967. Ainsi, le prix des TR5 a flambé ces dernières années, les bons exemplaires atteignant 30 000 €, voire plus pour les voitures « concours ». Du coup, celle qui a succédé à la TR5 est une véritable affaire, moins de 15 000 € pour une TR6 correcte. De plus, avec ses performances brillantes et sa ligne pure et élégante, cette Triumph incarne tout ce que l’on aime dans les sportives britanniques, une certaine rusticité alliée à des sensations grisantes.
Pour vérifier si cette réputation est justifiée, nous voilà au volant d’une TR6 soigneusement choisie pour une balade dans les West Midlands. Autrefois région d’industrie automobile — et lieu de naissance de cette voiture — elle offre de plus des routes splendides.
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