Les Mini du tour du monde

Un incroyable voyage caritatif

© Classic & Sports Car

Ces deux Mini ont effectué en 1980 un incroyable tour du monde pour réunir des fonds dans la lutte contre la polio. Aujourd’hui restaurées, elles ont retrouvé leur splendeur d’époque.

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Il y a 40 ans, deux Mini de série ont effectué un courageux tour de monde pour lever des fonds en faveur de la recherche contre la polio. C’est l’aventurier Tony Clarke qui a été l’instigateur de ce défi et, avec son mécanicien de 19 ans Tim Ferris, ils ont parcouru 100 000 km à bord des Mini fournies par British Leyland et surnommées « Jack & Jill » [allusion à la série télévisée du même nom]. Avec des cameramen qui se sont succédés sur tout le trajet, l’émission Nationwide de la BBC a couvert le voyage et de nombreuses célébrités l’ont soutenu, dont la princesse Ann et le chanteur Ian Dury, qui avait contracté la polio à l’âge de 7 ans.

Clarke habite alors en Cornouailles, où les Mini sont préparées par Mumfords, l’agent Leyland de Truro. Ayant besoin d’un deuxième pilote, Clarke remarque un jeune apprenti travaillant au garage et lui demande de l’accompagner. Tim Ferris, qui a déjà couru localement en rallye avec sa Cooper S, finit par accepter et se trouve rapidement précipité sous la lumière des projecteurs, avec des interviews télévisées lors d’une tournée de présentation en Angleterre.

Au début de l’été 1980, les Mini se rendent aux studios BBC de Lime Grove pour le départ officiel. L’arrêt inaugural de l’autre côté de la Manche est prévu à Paris, pour emmener le premier des cameramen successifs, Previn Thakur, mais s’occuper des visas réclame cinq jours et, la région entre Maroc et Algérie étant en conflit et trop dangereuse à traverser, les Mini prennent la direction de Marseille pour y être embarquées pour l’Algérie.

La traversée du Sahara étant interdite en solitaire, les deux Mini doivent se joindre à un convoi. « Nous étions naïfs et n’avions aucune idée de ce qui nous attendait, » indique Ferris. « Les Mini étaient totalement inadaptées et ne cessaient de s’ensabler. Nous nous sommes arrêtés plus de 50 fois pour les dégager. Le convoi a fini par nous abandonner, sans grande provision d’eau, et nous avons eu de la chance de nous en sortir. Heureusement, un groupe de missionnaires allemands à bord de deux anciens camions militaires a accepté de nous remorquer jusqu’au Niger, mais cela m’a coûté tout l’argent que j’avais mis de côté pour le voyage. »

En plus de la fatigue causée par ces premières difficultés, les Mini souffrent sérieusement du sable, qui s’immisce partout, y compris dans les roulements et les freins. Les amortisseurs doivent être remplacés six fois mais le 5 juin, ils arrivent à Lagos où ils sont contraints d’attendre des pièces de rechange en provenance d’Angleterre.

Lagos présente un problème inattendu car les pluies abondantes de cette saison humide rendent les routes impraticables. Les Mini doivent être transportées jusqu’à Nairobi sur un 747 de la Pan Am mais, à l’arrivée, elles sont bloquées en douane avec les caméras, retardant le voyage d’une semaine. La route du Kenya au Malawi par la Tanzanie étant peu sûre, Clarke décide de passer par le parc national du Serengeti. Ce safari imprévu constitue pour l’équipe une heureuse surprise, avec la rencontre d’animaux comme des éléphants, hyènes, hippopotames et une lionne. Lors d’un arrêt pour prendre de l’eau, Clarke connaît la frayeur de sa vie en voyant apparaître la tête d’un crocodile !

Les pistes sont difficiles pour les Mini et il leur faut neuf jours pour atteindre Blantyre, au Malawi. Une piste de montagne se révèle impraticable, mais l’entreprise de construction d’une route en cours de réalisation invite le duo à l’emprunter pour l’essayer. L’accueil le plus chaleureux vient toutefois d’un groupe de 35 enfants atteints de polio, ce qui souligne le défi qui attend l’opération de vaccination Save the Children. En 1980, la maladie est très répandue en Afrique centrale, où l’on compte plus de 20 000 personnes atteintes.

Après avoir campé sur les rives du superbe lac Malawi, l’équipe continue vers le Zimbabwe par la Zambie et le barrage de Kariba. Dans la capitale Harare (alors Salisbury), la presse fait un large écho de l’aventure mais les voitures ont souffert de cette première étape et doivent recevoir un moteur neuf. « L’atelier de préparation a été fantastique, » rappelle Ferris. « Les moteurs 1 275 cm3 étaient plus puissants et nous avons installé des protège-carters plus solides et des filtres à air de camion en haut d’un snorkel. »

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