Morgan 4/4

Un cœur sportif

© Classic & Sports Car / Will Williams

Dotée d’un moteur Cosworth, cette Morgan est unique. Son propriétaire n’a découvert son passé très spécial qu’après 40 ans d’utilisation.

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Comme les papillons avec la lumière, certains d’entre nous sont irrésistiblement attirés par certaines marques, même quand des évènements inattendus nous emmènent dans une autre direction. Tim Harper fait partie des personnages de ce genre et il entretient un profond attachement pour les roadsters Morgan qui ont accompagné les moments les plus significatifs de son existence. Depuis sa première 4/4 jusqu’à la +4 avec laquelle il a rencontré son épouse, ces machines à structure bois sont restées une constante de sa vie de globe-trotter, avec en point culminant une 4/4 à moteur Cosworth dont les secrets n’ont commencé à se révéler que 40 ans après son achat.

«Ma première Morgan a été une “flat-rad” que j’ai achetée juste après mon bac explique Harper. C’était la voiture de sport ayant le plus gros moteur parmi ce que j’avais pu trouver dans l’hebdomadaire Exchange & Mart. Mais ce n’était qu’un moteur Vanguard. Puis il y a eu la +4 de 1954 avec laquelle je me suis rendu en Sicile et au Danemark.»

À son retour d’une mission de prospection pétrolière au Moyen-Orient, son patron l’a envoyé au Danemark. «Je ne savais même pas où se trouvait ce pays, mais mon directeur m’a dit que je devais traverser la Manche en ferry et ensuite parcourir le pays. Alors j’ai pris la Morgan. L’hôtel ne servait pas d’alcool, si bien que le deuxième soir je suis sorti avec la voiture me balader dans la campagne. J’ai vu Maggie en train de marcher sur le bord de la route. Je me suis arrêté pour demander mon chemin et nous sommes mariés depuis 50 ans!» 

La passion de Harper pour les voitures anciennes pouvait être parfois envahissante et un retour à l’université, en Angleterre, l’a placé en face d’un délicat dilemme : «J’aimais beaucoup cette voiture, et Maggie aussi. Il a été difficile de la vendre. Mais après avoir travaillé sur les plateformes pétrolières en mer du Nord (deux semaines de travail, une semaine de congé, et de nombreuses plongées), j’ai repris des études. Il fallait que je me concentre sur mon diplôme, donc j’ai vendu la Morgan et j’ai circulé en Morris Minor.»

Après avoir obtenu son doctorat, Harper a pris un poste d’enseignant à l’université d’Aberdeen dans le collège Marischal, l’imposant édifice qui domine la ville. C’est lors de son arrivée dans la cité de granit, sa thèse bien à l’abri dans une boîte en fer qu’il tenait contre lui, qu’il a repéré une superbe Morgan +4 blanche des années 1950, ce qui a provoqué à nouveau l’irrésistible envie d’en acheter une. « Peu après, en me promenant en ville j’ai remarqué devant l’entrée d’une maison une autre Morgan, plutôt endommagée. J’ai frappé à la porte et le propriétaire m’a expliqué qu’elle avait fait un tonneau dans un champ de choux, heureusement sans le hard-top qui aurait explosé en mille morceaux. Il était parfaitement disposé à la vendre car il essayait de restaurer une Alfa Romeo 6C-1750 de 1930, donc je l’ai achetée pour ce qui semble aujourd’hui un montant ridiculement faible. » 

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