Mazda R130 Luce

Lumière rotative

© Classic & Sports Car / Christian Boehm

Affichant un dessin européen mais destinée uniquement au marché japonais, la R130 Luce (« lumière » en italien) à moteur rotatif est une classique méconnue.

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En Europe, Mazda n’est pas un constructeur considéré comme ancien, surtout par rapport aux noms qui nous sont familiers comme Peugeot, Renault ou Bentley. Il est donc surprenant d’apprendre que cette entreprise de Hiroshima a célébré son 100e anniversaire en 2020, sa création datant du 30 janvier 1920 sous le nom Toyo Kogyo. Après la fabrication de liège, l’activité est passée aux machines-outils puis aux motos avant que le nom Mazda (qui provient de Ahura Mazda, dieu zoroastrien de l’harmonie, l’intelligence et la sagesse) apparaisse en 1931 sur le trois-roues utilitaire Mazda-Go.

Mais une soudaine guerre mondiale aggravée par une redoutable bombe a stoppé la progression et il a fallu attendre les années 60 pour voir arriver la première vraie Mazda de tourisme, la petite R360. L’Europe n’a toutefois découvert le nom qu’en 1967, quand les voitures ont commencé à y être exportées (en Angleterre, seulement neuf exemplaires les deux premières années) et quand les ventes ont augmenté au début des années 70.

Ce démarrage tardif, combiné à des succès récents comme la MX-5, a laissé penser que la marque était relativement nouvelle, et l’on peut se demander si l’évocation du centenaire est une bonne façon de générer des articles de presse. Après tout, le constructeur n’est devenu officiellement Mazda Motor Corporation qu’en 1984.

Non pas que je m’en plaigne, car cet anniversaire a fait sortir quelques machines rares des collections du constructeur et m’a permis de prendre le volant de ce que je considère comme son plus beau modèle. Quant on demande à un amateur bien informé de mentionner une Mazda classique, sa mémoire fera sans doute jaillir la fabuleuse 110 S Cosmo, mais dans son ombre se trouve le superbe coupé Luce Rotary, ou R130. Dévoilé en 1967 et commercialisé deux ans plus tard, il est sans doute plus significatif et certainement plus rare que la Cosmo, avec 976 exemplaire écoulés entre octobre 1969 et octobre 1972.

Et quelle présence élégante ! Nous la devons à Giorgetto Giugiaro, chez Bertone, alors qu’il n’avait même pas 30 ans. Le mariage de dessin italien et de technique japonaise a débouché sur de curieuses raretés comme le coupé Isuzu 117 (par Ghia), le cabriolet Daihatsu Sport (Vignale) et la Hino Contessa (Michelotti), mais pour Mazda l’influence latine a aidé la marque à prendre pied sur le marché de la grande diffusion avec la berline Luce 1966, appelée 1500 ou 1800 en Europe.

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