
Propriétaire de cette XK150 depuis plus de 50 ans, Richard Littlewood n’a pas l’intention d’arrêter de l’utiliser.
Les voitures sont un peu comme les êtres humains : pleines de vigueur dans leur prime jeunesse, puis assurant leur mission dans la force de l’âge avant d’accuser le poids des ans et de voir leur état se déliter et leur valeur se réduire à pas grand-chose. Appliqué aux véhicules, ce cycle donne évidemment des opportunités à ceux dont le budget est limité et leur donne accès à des voitures qui, neuves, étaient hors d’atteinte.
Richard Littlewood faisait partie de ces jeunes désargentés et, sorti de la Royal Navy, il travaillait dans l’industrie alimentaire à Manchester. « Je n’ai jamais eu vraiment envie d’une voiture neuve, » indique-t-il, « et heureusement ma passion des anciennes m’a permis d’avoir quelques voitures intéressantes. »
Après une Armstrong Siddeley Lancaster, une Alvis Speed 25 et une Riley 2,5 litres, au milieu des années 60 il était temps de se tourner vers quelque chose de plus sportif : « Mon garagiste local avait entendu parler d’une Daimler Dart sur laquelle quelqu’un était en défaut de paiement. Elle devait être récupérée et la voiture me plaisait, mais l’affaire ne s’est pas faite. »
Dans une autre vie, c’est donc le V8 2,5 litres conçu par Edward Turner qui aurait pu séduire Littlewood et c’est une SP250 qui couvrirait ces pages. Mais au lieu de cela, il a acheté une Austin-Healey 100/6. Et c’est la différence entre ses modestes 102 ch et la puissance de la Jaguar de son oncle qui a déterminé son achat suivant : « Mon oncle était médecin à Bridlington. Un jour où j’étais chez lui, il m’a demandé si je voulais l’accompagner pour une visite chez un patient, dans son cabriolet XK 150. Et il m’a laissé prendre le volant sur la route du retour ; j’ai été immédiatement séduit, elle était tellement plus puissante que ma 100/6. Il suffisait d’enfoncer le pied droit et elle partait comme une fusée. »
La Healey a été immédiatement vendue et, au début de 1967, Richard Littlewood s’est mis en chasse d’une XK. Il en a vu plusieurs qu’il n’a pas retenues, dont un coupé XK 150 vendu 66 £ seulement, « qui roulait de travers et faisait un bruit bizarre », avant de trouver cette 3,4 litres immatriculée 2418 DA. Comme bien des amateurs de cette époque, le précédent propriétaire Rodney Hazzard n’avait d’yeux que pour celle que tout le monde convoitait, la spectaculaire Type E. La nouvelle Jaguar n’a pas tardé à faire de l’ombre à la série des XK, faisant tomber dans l’oubli les contemporaines des victoires au Mans.
[…]