Pionnière sur le marché des berlines 5 portes, la Renault 16 n’avait guère de rivale. L’Austin Maxi aurait pu en être une sérieuse si elle n’avait subi les vicissitudes de British Leyland.
Existe-t-il une autre voiture née sous d’aussi mauvais augures que l’Austin Maxi ? Avec cinq portes, cinq places, cinq vitesses et cinq paliers dans son nouveau moteur Série E à 1 ACT, elle aurait dû être la traction avant capable de sauver British Leyland, la berline familiale qui remplace la vieillissante gamme A60 Farina et qui réponde à une concurrence étrangère sophistiquée. Avec une prévision de 6 000 voitures par semaine, c’était l’idée.
En réalité, cette nouvelle-venue a subi tellement de raccourcis techniques et de compromis qui étaient censés limiter les coûts qu’elle était déjà condamnée (au moins sous sa première forme) avant ses premiers tours de roues, en 1968. Bien conçue mais mal fabriquée, la Maxi a vu son destin broyé dans le traumatisme de la fusion BMC/Leyland, et dans les conflits d’egos et d’allégeances que cette alliance contre nature a engendrés.
Les nouveaux-venus de l’entreprise, débauchés peu avant de chez Ford, ont été ouvertement choqués par sa forme. Selon certains, il fallait la supprimer mais Lord Stroke, directeur de BL, a choisi le compromis en demandant des modifications de dernière minute, de façon à rendre cette 1500 un peu plus attrayante. Si elle avait été plus jolie, les premiers acheteurs auraient peut-être pardonné à la Maxi sa mauvaise commande de vitesses par câbles. C’est elle qui a donné naissance à l’expression « remuer une aiguille à tricoter dans un sac de billes », bien que Colin Chapman ait réussi par la suite à l’exploiter dans un nouveau carter, pour ses propres Elite.
A la décharge des auteurs du dessin de la Maxi, il faut préciser qu’ils ont dû se plier à l’insistance du directeur général George Harriman pour que l’ADO 14 adopte les mêmes portes que la plus longue et plus large 1800, dans le souci d’amortir les coûts de production d’un modèle qui n’avait jamais atteint les chiffres de vente prévus. Mais ces fameuses portes ont imposé à la Maxi un profil particulièrement maladroit. Avec un empattement à peine plus court que celui de la 1800 (de seulement 2,5 cm), la Maxi ressemblait à une version abrégée de sa grande sœur. Pourtant, le nombre de composants communs à la 1800 et à la Maxi n’était même pas suffisant pour profiter des économies d’échelle qui auraient réduit les dépenses, dans une gamme Leyland qui comportait déjà pléthore de modèles très différents.
[…]
