Ford Super Deluxe – Buick Century – Packard 110

Pour l'amour du bois

© Classic & Sports Car / James Mann

Luxueux et chers, les « woodies » américains des années 30 et 40 étaient une extravagante expression de style dans un monde empreint de conservatisme et de retenue.

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Depuis les forêts de séquoias géants de Mendocino jusqu’aux plages de sable fin de Malibu, la Highway 1 qui longe le Pacifique sur la côte ouest des États-Unis incarne depuis presque un siècle l’esprit d’aventure américain. Le « woodie », ou break bois, est tout aussi enraciné dans la culture californienne : un style d’automobile né de la nécessité et qui bénéficie aujourd’hui d’un statut culte, bien après que son étoile ait commencé à pâlir. Pour rendre hommage à trois superbes exemplaires du genre, nous nous sommes rendus à Newport Beach, un joyau de la côte ouest situé à 35 km de Dana Point où s’arrête la Highway 1, au sud de Los Angeles.

Si vous faites halte sur une des nombreuses plages qui longe les 1 055 km de cette route célèbre, vous aurez autant de chances de croiser un woodie portant sur le toit une planche de surf qu’un camping-car Volkswagen. Pourtant, quand ce type de voiture a vu le jour dans les années 20 et 30, ce n’était pas pour le style, mais pour des raisons pratiques. Il ne s’agissait pas de modèles de marques et la plupart de ces breaks spéciaux (des berlines modifiées destinées à aller chercher les passagers et leurs bagages à la gare ou à servir de moyen de transport dans de vastes propriétés) étaient produits par des ateliers indépendants.

C’est le coût de l’acier et l’abondance des anciennes techniques de carrosserie qui ont entraîné la fabrication de carrosseries spéciales en bois, et ce qui a commencé sous la forme de simples et robustes « chars à bancs » dotés de rideaux souples à la place des vitres a fini par évoluer vers des automobiles sophistiquées et luxueuses.

Les premiers woodies étaient rustiques et fonctionnels, avec un compartiment arrière en frêne et peuplier, et leur style a évolué en fonction de la progression des techniques et des nécessités. L’arrivée de vitres descendantes a provoqué une forme plus étoffée, avec une partie arrière plus large, pour accueillir les logements où elles s’escamotaient. Petit à petit, on est passé d’un véhicule utilitaire basique à une automobile affichant le chic d’un country club, le prix élevé de cette carrosserie spéciale limitant la diffusion à quelques amateurs aisés appartenant à une classe moyenne supérieure. Avec le temps, les grands constructeurs sont entrés dans la danse, confiant parfois la fabrication de la carrosserie à des sous-traitants ou, comme Ford, produisant eux-mêmes leur propre break bois. Mais quelle qu’ait été la méthode, le coût de fabrication et le prix de vente étaient élevé et les chiffres de production sont restés modestes. Compte tenu du niveau d’entretien requis, il n’est pas étonnant que les anciens woodies fassent aujourd’hui partie des voitures les plus rares sur les routes américaines.

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