Talbot Sunbeam Lotus – Audi Quattro

De deux à quatre roues motrices

© Classic & Sports Car / Olgun Kordal

Talbot et Audi ont remporté le titre mondial en rallye à une année d’écart. Mais un monde sépare les deux modèles : avec la Quattro, le constructeur allemand allait révolutionner la discipline.

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Guy Fréquelin, pilote officiel Talbot, a terminé troisième au Rallye du RAC 1980 au volant d’une Talbot Sunbeam Lotus et a contribué au titre mondial du constructeur, en 1981. Mais il se rappelle très bien avoir compris qu’une page se tournait. « J’étais sur la ligne de départ d’une spéciale sur terre et Michèle Mouton est partie juste devant nous, » raconte le vainqueur du Rallye d’Argentine 1981. « A ce moment précis, j’ai su que c’en était fini des deux roues motrices. »

La voiture de Michèle Mouton était, bien sûr, une Audi Quattro dotée d’un puissant 5-cylindres turbo et d’une transmission intégrale qui s’accrochait à la piste sur laquelle la Sunbeam patinait allègrement. A la fin de la saison 1982, la Quattro a apporté à Audi le titre constructeur au Championnat du Monde des Rallyes.

Ainsi, les deux modèles d’homologation que nous avons réuni correspondent à un changement fondamental dans l’histoire des rallyes, quand les quatre roues motrices ont signé l’arrêt de mort des deux roues motrices. Les deux voitures sont certes contemporaines, mais leur apparence et leur comportement routier pourraient en faire douter.

L’histoire de la Talbot Sunbeam est celle du pragmatisme et de la rapidité de décision propre à une petite équipe. Le développement du modèle de base a commencé début 1976 quand Chrysler Europe, maison-mère du groupe Rootes, essayait de garder son rang. Alors que les marques rivales vendaient ou préparaient leurs nouvelles petites berlines trois portes sur des plateformes traction avant, la Sunbeam a repris le soubassement raccourci d’une propulsion, l’Hillman Avenger, et en 19 mois elle est passée de la création à la présentation au public.

La version standard culminait à 1,6 litre et 69 ch, mais par un heureux concours de circonstances le développement du modèle a coïncidé avec la nomination de Mike Kimberley, responsable de la promotion, au poste de directeur de Lotus Cars. Il était en train de préparer l’orientation de Lotus comme consultant en engineering quand le téléphone a sonné : « C’était Wynne Mitchell, ancien ami d’école et directeur de la compétition de Chrysler UK, qui m’a demandé si j’étais intéressé de fournir des moteurs pour une future voiture de rallye, » explique Kimberley. Les bases de l’accord ont été jetées à Hethel, chez Lotus où Des O’Dell, directeur de la compétition pour Chrysler Europe, accompagnait Mitchell, en face de Kimberley et Graham Atkin, son directeur moteurs.

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