
Avec la Dino et la 2300 S, Fiat affirmait haut et fort qu’Alfa et Lancia ne détenaient pas le monopole des coupés sportifs et raffinés
Dans l’esprit des films Le Fanfaron ou La Piscine, les coupés Fiat 2300 S et Dino évoquent encore aujourd’hui une ambiance « Riviera » sophistiquée et un peu louche qui, d’ailleurs, tient sans doute plus du fantasme que de la réalité. Elles nous transportent dans des après-midis baignés de soleil et de verres de Campari où, visage bronzé et pull léger autour des épaules, des playboys n’ayant rien d’autre à faire (et jamais à court d’une Brigitte Bardot ou d’une Claudia Cardinale occupant le siège passager) roulent à tombeau ouvert sur une route de montagne à bord de leur coûteux coupé, en quête d’hédonisme ou de liaisons illicites.
Avec leur avertisseur à compresseur et leur allure à faire tourner les têtes, la 2300 S et la Dinosont des voitures qui traduisent non seulement les tendances glamour de cette époque, mais aussi l’ambition débridée qui animait la marque.
En tant que plus grand constructeur automobile européen, baignant dans le miracle économique italien d’après-guerre, Fiat connaissait sur son marché une domination qui lui donnait les moyens de faire tout ce qui lui semblait bon, qu’il s’agisse de moteurs d’avion, de réfrigérateurs ou de coupés exotiques.
Née en 1967 avec une grosse goutte de magie Ferrari dans le sang (mais, curieusement, elle est presque plus attrayante en 2021 justement parce que ce n’est pas une Ferrari), la Fiat-Dino 2 litres faisait partie de la tactique de séduction d’Enzo Ferrari par le géant de Turin. Cherchant à homologuer son V6 quatre arbres 1,5 litre pour la Formule 2, Enzo savait que, avec ses capacités industrielles limitées, le seul moyen d’en produire la quantité imposée était de demander à Fiat d’en assurer la fabrication et de concevoir une voiture qui en soit équipée.
Deux voitures, en fait. Le Spider Pininfarina a été présenté fin 1966 ; son lancement était tellement attendu que les 500 exemplaires requis pour l’homologation étaient déjà vendus au moment où le coupé, un généreux 2+2 basé sur un empattement plus long, a été dévoilé l’année suivante à Genève. Giorgetto Giugiaro avait commencé à travailler dès 1963 sur le projet mais c’est Marcello Gandini, son successeur chez Bertone, qui l’a achevé.
Le moteur Dino recevait le même vilebrequin usiné que les blocs 1,5 litre et 1,6 litre de compétition, mais une cylindrée de 2 litres était considérée comme le minimum pour ces voitures relativement lourdes. Sur ce moteur initialement conçu par Vittorio Jano/Franco Rocchi, cela impliquait un alésage plus généreux et une adaptation à un usage route et une production industrielle, sous l’autorité de l’ancien ingénieur Ferrari Aurelio Lampredi.
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