Collezione Museo Bandini

La course dans le sang

© Classic & Sports Car / Peter Singhof

Le 18 mars va être mise en vente par Artcurial la collection réunie par Dino Bandini, neveu d’Ilario Bandini. Passionné de course et « génie de la mécanique », comme le qualifiaient ses proches, celui-ci a créé des petites merveilles typiques de l’inventivité italienne des années 1950 et 1960. 

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« Cela ne pouvait pas être une Bandini, » raconte Dino Bandini. Un jour où il est de passage à New York, il découvre dans un magazine automobile la photo d’une Formule Junior à moteur arrière. « Je savais que c’était impossible, car toutes les monoplaces fabriquées par mon oncle étaient à moteur avant. Cette anomalie m’a décidé à m’occuper de plus près de ce qu’il avait réalisé. »

L’oncle en question, Ilario Bandini (sans relation familiale avec Lorenzo, le malheureux pilote décédé à Monaco), a laissé une empreinte originale sur l’histoire du sport automobile. Il fait partie des brillants petits constructeurs italiens comme Stanguellini, Moretti, Nardi ou Ermini, qui ont fleuri dans les années 50 autour de courses comme les Mille Miglia ou de catégories comme la Formule Junior.

Né en 1911 d’une famille d’agriculteurs à côté de Forli, village d’Émilie-Romagne non loin de Bologne, il se passionne pour la mécanique et, délaissant les études théoriques, il se fait engager comme apprenti dans un garage local puis chez un concessionnaire Bianchi. Avec ses premières payes il s’offre une Harley-Davidson 1200 mais, alors qu’il espère une place de mécano chez Ferrari, il subit une mauvaise chute qui le cloue trois mois à l’hôpital. Cette mésaventure le fait réfléchir et, comme de nombreux jeunes Italiens, il décide de partir faire fortune en Érythrée, colonie italienne. Il a 25 ans, se lance dans le transport routier et amasse un petit pécule qui lui permet, à son retour en 1939, de démarrer une activité de location de voitures. Pendant la guerre, il produit même des gazogènes mais son rêve, c’est la compétition et il s’y lance à moto, au guidon d’une Gilera Saturno. La chance sur deux roues ne lui sourit décidément guère et une deuxième chute en 1940 l’éloigne définitivement de la moto.

Il reste l’automobile et, la même année, il prend part aux Mille Miglia à bord de la Fiat Balilla Coppa d’Oro d’un de ses clients. Après avoir occupé la tête de la catégorie 1100, une sortie de route le contraint à l’abandon. D’autres courses suivront, au volant d’autres voitures prêtées également, avant qu’il ne se lance dans la fabrication de sa propre automobile : elle voit le jour en 1947, sur un châssis de sa conception équipé d’un moteur Fiat 1100 modifié et d’une carrosserie barquette façonnée par Rocco Motto, ancien ouvrier de la Carrozzeria Bertone. L’année suivante, sa deuxième voiture montre la base de ce que seront les futures Bandini : elle présente un châssis composé de deux tubes de profil elliptique incurvés vers l’avant, constitués d’un acier utilisé par Caproni dans l’industrie aéronautique. Pour coiffer le moteur 1100 d’origine Fiat, Ilario Bandini utilise une culasse double arbre d’Alfa Romeo 6C-1900 qu’il a raccourcie. En plus d’une version barquette carrossée elle aussi par Motto, la voiture reçoit pour la compétition une carrosserie biplace sommaire, à ailes cycles : c’est la première Bandini « Siluro » (torpille).

Parallèlement, Ilario Bandini ouvre à Forli un garage de vente, réparation et assistance, avec une représentation Lancia et Alfa Romeo, qui lui permettra de financer sa passion de la course.

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