Lotus Elise 1.8i et SC

Celle qui a sauvé Lotus

© Classic & Sports Car / Luc Lacey

Alors qu’elle a célébré ses 25 ans l’an dernier, l’Elise s’apprête à disparaître du catalogue. Bonne occasion de rendre hommage à une des machines les plus brillantes de l’histoire Lotus.

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Avant même d’ouvrir la petite porte, vous savez exactement comment la Lotus Elise va se comporter. Vous savez, par exemple, que la direction sera irréprochable. Que vous vous sentirez plus dans un kart que dans une voiture. Que les virages offriront de telles sensations que vous n’aurez plus jamais envie de voir une ligne droite. Qu’elle vous donnera une impression de vitesse largement supérieure aux chiffres sur le papier. Vous savez tout cela non seulement parce que cette petite sportive s’est attirée tous les superlatifs depuis les premiers essais, il y a 25 ans, mais aussi parce qu’elle le projette. Plus encore, elle l’incarne.

Sa modestie sur le papier fait partie des meilleures farces de l’Elise. Elle n’impressionne ni n’intimide l’utilisateur moyen qui s’installe avec plaisir au volant, et sa puissance n’est pas suffisante pour faire fumer les pneus. Là où des voitures plus puissantes et plus rapides vous laissent froid, avec leur potentiel inexploité, l’Elise profite du moindre virage, du moindre mouvement du volant, de la moindre pression sur l’accélérateur pour montrer toutes ses capacités. Anticipez, freinez, gardez une marge et chaque courbe devient votre petit terrain de jeu, sans risque. Sans risque car la plupart des utilisateurs ne connaîtront les limites que sur circuit. Rien ne peut l’atteindre, et il en est ainsi depuis 25 ans.

En termes automobiles, une telle durée de vie est un véritable accomplissement, ce qui s’ajoute ici au fait que l’Elise a littéralement sauvé Lotus et a révolutionné le monde des voitures de sport. Quand elle a été dévoilée au Salon de Francfort 1995, Lotus était une marque chancelante. L’Elan M100 traction avant, échec économique et commercial malgré des commentaires flatteurs, allait finir sa carrière sous la marque Kia. Bugatti avait racheté le constructeur du Norflok et, après une brève relance de l’Elan, avait demandé à l’équipe technique dirigée par Julian Thomson de réveiller la spécificité sportive de la marque. Bugatti avait également communiqué en secret la même mission aux meilleurs ingénieurs italiens, mais la voiture née en interne était d’une telle qualité qu’elle a (avec l’Evora, qui s’arrête aussi aujourd’hui) suffisamment rempli les carnet de commandes pour représenter la moitié de toutes les Lotus produites depuis l’origine. Une vraie prouesse pour un constructeur créé au lendemain de la guerre dans un atelier de garagiste.

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