
Tesla, le Léviathan de la mobilité de demain, a débuté avec une voiture issue de la Lotus Elise et qui est aujourd’hui la première classique électrique de l’ère moderne.
En 2030, il ne sera plus possible d’acheter en Angleterre de voiture neuve à moteur à essence ou diesel, et cinq ans plus tard même les hybrides seront éliminées. L’électrique, c’est le futur… Mais aussi le passé. Après tout, les voitures électriques existent depuis l’origine de l’automobile et la première voiture de record, la Jamais Contente de 1899, fonctionnait avec des batteries.
Le défi des constructeurs est de nous convaincre que cette technologie représente plus qu’un simple « verdissement » et, pour ce faire, il n’ont pas besoin de remonter bien loin dans le passé. Si aujourd’hui Tesla est synonyme d’avenir, au tout début du nouveau millénaire ce n’était guère qu’un bruit de fond, un inconnu caractérisé par un patron décomplexé et des assertions excentriques.
« Elle est plus rapide qu’une Ferrari et plus économique qu’une Prius, » affirmait Elon Musk. « Pourquoi vouloir une autre voiture de sport ? Non mais vraiment, pourquoi choisir une autre voiture de sport ? Vous aimez vous traîner en détruisant l’environnement ? Je ne comprends pas. » Musk, un des premiers investisseurs de Tesla, en est devenu en 2004 le président et le moteur, mais le projet avait été initié par les pionniers de l’internet Martin Eberhard et Marc Tarpenning. En attirant des fonds de personnages comme Larry Page et Sergey Brin, fondateurs de Google, Tesla Motors était l’enfant béni du millénaire mais, si ses parents ne manquaient pas d’ambition, leur expérience de l’automobile était proche du néant.
C’était sans compter un partenaire inattendu, venant d’Angleterre. Eberhard et Tarpenning ont découvert la Federal Elise [Elise adaptée au marché américain] présentée au Salon de Los Angeles 2004 par le célèbre ingénieur Roger Becker et se sont dit qu’elle constituerait une base idéale pour leur projet. Jamais hostile à alléger d’ambitieux Américains de leurs dollars, Lotus a accepté le défi. « Nous voulions que la première Tesla se comporte comme une vraie voiture de sport et avons donc approché Lotus Cars, » indiquait Eberhard en 2006 dans son blog. « Pour ceux qui ne le savent pas, le châssis de l’Elise est la création d’un génie. »
Au cours des années suivantes, Tesla a essayé d’éloigner son Roadster de l’Elise, affirmant que les pièces communes se limitaient à moins de 10%, mais un simple coup d’œil suffit à constater la ressemblance. Les proportions, le pare-brise, le pavillon, même les rétroviseurs sont incroyablement proches. « Le projet a démarré sous la forme d’une Elise fermée, » indiquait Tony Shute, chef de projet chez Lotus, « mais avec des modifications assez significatives. » Telles qu’abaisser les seuils pour faciliter l’accès, couper des longerons devant le passager au lieu de les courber, allonger l’empattement de 5 cm et habiller le tout de panneaux de carbone produits par Sotira, en France.
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