Dodge Polara 1960

Les derniers ailerons

© Classic & Sports Car / James Mann

Voyage au cœur du désert californien à bord d’une rare et futuriste Dodge Polara 1960, une des dernières créations du légendaire Virgil Exner pour le groupe Chrysler.

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Au début des années 50, les autoroutes et parkings de l’Amérique profonde étaient encore encombrés de voitures sérieuses, banales et ennuyeuses correspondant à une ancienne génération. L’offre convenait plus aux notaires et aux percepteurs qu’à la nouvelle population de jeunes rockeurs qui se pointait au coin de la rue.

Mais chez Chrysler, dont le président était le très conservateur KT Keller, tout a changé avec l’arrivée d’un jeune styliste dénommé Virgil Exner. Ses dessins avant-gardistes inspirés de la conquête de l’espace ont balayé les grosses voitures de représentants, avec les excès fuselés de modèles comme la Dodge Polara 1960.

Né dans le Michigan, Exner a infléchi plus que tout autre le style automobile moderne, mais cela ne s’est pas fait sans difficulté. Quand, venant de Studebaker, il est arrivé en 1949 chez Chrysler, la gamme était terne pour une raison principale : les voitures étaient conçues avant tout par des ingénieurs et ne reflétaient pas le changement de culture et de mode qui allait profondément marquer les années 50. On racontait que Keller s’installait dans les nouveaux modèles avec son chapeau et, simulant le passage sur une bosse, rebondissait sur le siège : si son Stetson heurtait le toit, la voiture retournait à la planche à dessin. En 1950, Keller a transmis les reines à Lester Lum Colbert et, deux ans plus tard, Exner a pris la direction du style. Pour les modèles 1955, il a profité de l’assouplissement de la politique interne en s’inspirant de Harley Earl et des ailerons genre P-38 Lightning de la Cadillac 1948, et en proposant une nouvelle ligne surnommée « The New 100 Million Dollar Look« .

En 1957, avec leur pavillon bas, leur long capot, leurs ailerons flamboyants et leurs feux arrière en tuyère de réacteur, ces formes « Forward Look » ont fait abondamment parler d’elles à Detroit. Les voitures étaient si saisissantes, si modernes que General Motors a dû effectuer une révision de dernière minute de sa propre gamme. Le monde du style a été agité d’une petite révolution qui allait se répercuter au-delà des frontières, jusqu’en Angleterre sur des voitures comme les Ford Consul et Vauxhall Cresta.

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