Voisin C27 Aérosport

Haute volée

© Classic & Sports Car / Max Edleston

Inspirée par la technique aviation, cette Voisin C27 Aérosport est un pur chef-d’œuvre de style Art Déco.

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Même si vous aviez été amenés les yeux bandés dans l’habitacle et que vous n’aviez levé les paupières que sur l’étonnante sellerie et le tableau de bord couvert de cadrans, vous auriez su d’emblée que vous vous trouviez à bord d’une Voisin. Les créations automobiles de Gabriel Voisin, dont les idées étaient aussi novatrices que peu conventionnelles, ont un style immédiatement reconnaissable. Depuis la lame d’avertisseur au volant jusqu’aux porte-fusibles placés en face du passager pour un accès facile, la C27 Aérosport de 1934 comporte de nombreux brevets de son créateur.

Le pare-brise sans entourage a été percé pour être fixé par des boulons et, quand le toit ouvrant coulisse lentement vers l’arrière, la vue vers le ciel donne l’impression d’être dans un canot à moteur. Le tableau de bord en tôle noire est encombré de boutons, commandes et cadrans Jaeger. La marque Voisin n’apparaît nulle part, sauf sur les pédales de frein et d’embrayage marquées d’un gros « GV ». Mais au bout du long capot effilé se trouve la célèbre Cocotte, mascotte Voisin affichant deux ailes verticales et acérées. Selon la légende, elle aurait été formée à la hâte à partir de chutes d’aluminium pour répondre à la demande d’un client, en 1921.

Un peu déconcerté par le tableau de bord très rempli et par le motif particulièrement audacieux de la sellerie en tissu, vous vous interrogez sur la véritable nature de cette voiture. Était-ce une machine de sport destinée à rivaliser avec Bugatti, ou une spéciale de Salon conçue pour épater la galerie ?

Lorsque l’on presse le bouton qui actionne la silencieuse Dynastart et que le 6-cylindres 3 litres se met en route, il n’émet pas une sonorité particulièrement exotique. Le nuage de fumée trahit sa nature sans soupape, architecture à laquelle Voisin est resté résolument fidèle. Elle ne favorisait pas la puissance, mais le silence et la douceur de fonctionnement de ce moteur à chemises coulissantes (licence Knight) était particulièrement appréciés du constructeur, qui déplorait « la brutalité de nos moteurs à explosion ».

Au volant, la C27 est aussi inhabituelle qu’elle en a l’air, avec un long levier au plancher qui commande la boîte à deux rapports, complétée par un démultiplicateur électromagnétique Cotal qui apporte deux rapports supplémentaires grâce à une commande au volant. L’embrayage est léger et vous vous habituez rapidement à ce système original.

Une fois la voiture lancée, le panache de fumée blanche s’estompe et le moteur accélère avec silence et douceur. La direction à vis s’allège avec la vitesse et présente (selon les standards d’alors) un faible rayon de braquage, les freins à tambours étant assistés par un servo Voisin-Dewandre. Le plus impressionnant vient de la rigidité de la carrosserie, même toit ouvert. Pas de tressautements, et la fixation des portes par huit solides goujons maintient l’ensemble avec fermeté. Seul le châssis rappelle l’âge de la voiture, avec deux essieux rigides fixés à des ressorts à lames, mais les amortisseurs hydrauliques peuvent être réglés par deux grosses molettes au tableau de bord.

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