Jaguar MkVII et MkX

Question de taille

© Classic & Sports Car / Luc Lacey

Longtemps délaissées, les grosses berlines Jaguar méritent bien plus qu’un simple regard, d’autant que la MkX célèbre ses 60 ans.

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Le temps, en plus d’être notre bien le plus précieux, tend à modifier notre perception de l’image d’une voiture et de la place qu’elle occupe, en fonction de l’époque dans laquelle nous nous trouvons. Prenez la Jaguar MkX (60 ans l’an dernier) : en septembre 1961, quand les premiers exemplaires ont été commercialisés, la Jaguar MkVII, sa devancière immédiate dans la lignée des grosses berlines Jaguar, n’avait que 10 ans. Pourtant, avec notre point de vue de 2022, nous pourrions presque penser qu’entre les deux se trouvait forcément un modèle intermédiaire. Quand vous regardez leur forme, vous vous demandez comment elles ont pu se succéder sans transition. La MkVII est emblématique de l’austérité d’après-guerre et des réminiscences des ailes séparées des années 30, alors que la MkX offre déjà un aperçu du monde moderne. C’est une machine d’autoroute, bardée d’assistances et qui annonce la XJ, magnifique aboutissement des berlines Jaguar des années 70 et 80.

Mais si l’élégante XJ6 de 1968 affichait un style sportif, les MkVII et MkX assumaient complètement leur allure de quasi-limousines dans lesquelles le confort le disputait aux performances. Toutes deux étaient bien sûr équipées du 6-cylindres XK double arbre, moteur dont la réputation et le charisme étaient au cœur de la réputation de la marque. Et toutes deux étaient produites en quantité suffisante pour être proposées à un prix défiant toute concurrence.

Globalement, ces voitures ont rencontré le succès, mais les 25 000 MkX vendues en neuf ans n’ont pas égalé les 46 500 MkVII, MkVIII et MkIX commercialisées entre 1950 et 1961.

Certains se méfiaient du trop bon rapport qualité/prix de ces grosses Jaguar. A 998 £, la MkVII « export » se situait juste au-dessous de la tranche fiscale la plus élevée, qui s’appliquait aux biens de luxe. La MkX, qui coûtait en Angleterre moitié moins qu’une Bentley S2, respectait la devise de Lyons de se contenter d’un faible profit par exemplaire sur une production de longue durée, plutôt que de réclamer un montant trop élevé qui aurait freiné les ventes.

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