Heuliez Intruder

Le précurseur oublié

© Classic & Sports Car / John Bradshaw

Heuliez a ouvert une nouvelle voie en combinant une ligne sportive, un toit rétractable et une mécanique Mercedes tout-terrain.

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Je crois que je ne me suis jamais senti aussi « voyant » qu’au volant de cette voiture. Tout le monde nous regarde, depuis le pompiste qui n’a cessé de nous observer depuis que nous nous sommes arrêtés pour faire le plein, jusqu’aux enfants qui sont dans la voiture qui nous précède et qui s’agitent comme si le Père Noël leur était apparu en personne. Une Ferrari neuve ne ferait pas plus d’effet que cette voiture… mais de quoi s’agit-il au juste ? D’un SUV ? Certainement. D’un tout-terrain ? Peut-être, je suppose. D’un cabriolet ? Oui, aussi. D’une Mercedes ? Oui. Et non.

Il est difficile de caser l’Heuliez Intruder dans une catégorie. Il a innové et défini un nouveau genre automobile qui n’a vraiment décollé que 20 ans plus tard. Et il est particulièrement difficile à identifier. A l’extérieur, l’influence Mercedes se fait clairement sentir, avec une calandre typique à laquelle il ne manque que l’étoile, et une silhouette qui pourrait presque passer pour une SLK ou une AMG GT, si elle était moins haute. La ligne est fluide en haut et massive en bas, avec 30 cm de garde au sol et des pneus énormes, comme un jouet Tonka grandeur nature. D’ailleurs, cette machine est tout aussi difficile à dater, vous serez peut-être surpris d’apprendre qu’elle est apparue pour la première fois au Salon de Paris 1996.

Ici, l’insigne de coffre n’est pas d’une grande aide, car assez rares sont ceux qui ont entendu parler d’Heuliez. Pourtant cette entreprise de Cerizay, en plus de ses carrosseries d’utilitaires et d’autobus, a été prolifique dans la production de versions spéciales pour divers constructeurs, ainsi que de prototypes spécifiques comme la sublime Citroën SM Espace.

Créé en 1920 par Adolphe Heuliez, l’atelier a commencé par fabriquer des véhicules hippomobiles avant d’évoluer vers l’automobile en produisant la Peugeot 177 B. L’entreprise s’est plus tard intéressée aux petites séries de modèles spéciaux comme des coupés, cabriolets, breaks, prenant un rôle important dans la production de modèles connus. Un partenariat étroit s’est noué avec Citroën et, dans les années 80 et 90, l’usine de Cerizay a fabriqué les versions breaks et cabriolet des Visa, BX, XM et Xantia.

Mais Heuliez est aussi intervenu pour les autres constructeurs français. En 1980, le carrossier a été sollicité pour produire la Renault 5 Turbo et, plus tard, pour transformer les Peugeot 205 en 205 T16 à moteur central, en plaçant une cloison entre les montants centraux et en modifiant le châssis avec des berceaux tubulaires avant et arrière.

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