Jaguar XJ-S – Lotus Elite

Grand tourisme à l'anglaise

© Classic & Sports Car / Olgun Kordal

Dans cette confrontation inhabituelle, la Jaguar XJ-S et la Lotus Elite sont plus proches qu’il n’y paraît, à commencer par un prix encore abordable.

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Elles constituent un couple étrange, et pourtant les aspects qui rapprochent la Jaguar XJ-S et la Lotus Elite M50 sont plus nombreux que ceux qui les opposent. Toutes deux sont des coupés quatre places de grand tourisme, nés dans les années 70 dans une Angleterre en difficulté cherchant de bonnes raisons de retrouver confiance et affrontant les sombres prédictions automobiles avec des solutions rationnelles.

Ces voitures ne sont alors proposées qu’en carrosserie fermée, dans un monde soucieux de sécurité et qui semble tourner le dos aux cabriolets. La vogue paraît plus favorable à des voitures plus polyvalentes, outils à la fois professionnels et familiaux, plutôt qu’à de purs instruments de plaisir comme l’étaient les Type E et Elan qui les ont précédées. Pour remplacer ces trésors des années 60, la XJ-S et l’Elite ont sans doute affronté les critiques les plus violentes de la part des utilisateurs traditionnels de Jaguar et Lotus.

Pourtant les deux voitures cherchent à attirer un nouveau type d’acheteur. Un individu qui est disposé à payer plus cher pour un coupé quatre places fastueux et bien équipé, sur le modèle des GT européennes où le luxe est traité de façon aussi importante que les performances.

Les acheteurs potentiels de l’Elite ne comptent sans doute pas d’écologistes patentés, mais en produisant une voiture de sport dont la consommation est limitée, Colin Chapman évalue parfaitement bien le marché au lendemain de la crise du pétrole, dans un monde où l’essence ne cesse d’augmenter. Son coupé GT se contente en effet de 11 l/100 km, pour une vitesse de pointe de 205 km/h.

Il n’en va pas de même pour Jaguar ; mais le constructeur de Browns Lane n’est guère susceptible de produire une GT frugale et il semble enfin assumer un changement de mode : le besoin de produire un gros coupé, fer de lance de la marque pour le monde d’après la Type E. Son lancement au Salon de Francfort, et non pas à Londres, souligne l’aspect international de la XJ-S, soutenu par une campagne de publicité massive affichant le célèbre slogan : « 10 septembre 1975. Une journée noire pour Modène, Stuttgart et Turin. »

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