Bentley 8 Litres [172,7 km/h]

Cent ans de vitesse - Années 1930

© Classic & Sports Car / Olgun Kordal - Max Edleston
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Déterminer la vitesse maxi des voiture d’avant-guerre est une affaire délicate réclamant des informations solides, mais aussi la conscience que les voitures de marques haut de gamme se comportaient de façon inégale en fonction de leur carrosserie.

La Bentley 8 litres et ses contemporaines étaient en effet généralement vendues sous forme de châssis ensuite habillés par divers constructeurs dans un style qui avait une influence évidente sur les performances. Nous avons choisi ce modèle car, selon les propos de Dr Clare Hay dans le livre Bentley – The Vintage Years, toute Bentley 8 litres pouvait atteindre 165 km/h, même avec la carrosserie la plus lourde et encombrante. De plus, WO Bentley a été non seulement le premier à tourner à Brooklands à 160 km/h dans un coupé 8 litres, mais il été aussi chronométré à 172,7 km/h à Montlhéry avec Herbert Kensington-Moir.

S’il est vrai que des rivales dotées de carrosseries plus légères ont atteint dans cette décennie des vitesses légèrement supérieures, le châssis de la 8 litres (dont les 200 ch n’avaient guère d’équivalent) a pu lui aussi quitter les ateliers de Mulliner ou Vanden Plas avec un habillage favorisant la vitesse de pointe.

L’affirmation de Bentley, lors de la présentation de la 8 litres au Salon de Londres 1930, selon laquelle il s’agissait du châssis de série le plus rapide du monde, est sans doute à prendre au pied de la lettre. Et nous disposons aujourd’hui de la berline « de base », deuxième exemplaire sur les 100 produits, voiture d’essai de The Autocar et propriété de WO Bentley lui-même, restaurée et appartenant aujourd’hui à Bentley. Vous vous demandez si, en appuyant pour la première fois sur le démarreur, WO était conscient du précipice financier qui menaçait alors son entreprise.

« J’ai toujours voulu fabriquer une voiture silencieuse à 160 km/h et je crois que j’y suis parvenu, » a-t-il affirmé. Mais son prix énorme, dans le contexte de la crise économique de 1929, a provoqué la faillite de Bentley neuf mois après le début de la production. C’était toutefois un beau chant du cygne. Le moteur de la 8 litres était à lui seul un chef-d’œuvre technologique : ce 6-cylindres à un ACT comportait quatre soupapes par cylindre (la norme chez Bentley), un double allumage et un carter forgé en Elektron (alliage coûteux de magnésium), ce qui explique en partie le prix exorbitant du châssis.

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