
La première Ferrari de cet article n’est pas seulement la voiture la plus rapide des années 70 (sur la base des 302 km/h annoncés par l’usine), mis aussi une des plus significatives car elle a constitué pour Maranello la première des berlinettes à moteur 12-cylindres central qui allaient occuper le catalogue pendant 25 ans.
Ferrari a dévoilé le prototype 365 GT4 BB au Salon de Turin 1971 mais il y avait eu chez le constructeur un précédent à moteur central, la Dino 206 de 1967. Et il aurait été impossible pour Ferrari d’ignorer que sa 365 GTB/4 Daytona n’avait cessé d’être comparée à la Lamborghini Miura, quintessence de la technologie automobile.
Non pas qu’une Ferrari à moteur 12-cylindres central ait constitué une véritable nouveauté. Les avantages en terme de tenue de route et d’aérodynamique avaient été largement vérifiés par le constructeur depuis la monoplace 512 de 1964, qui inaugurait aussi une nouvelle architecture moteur : Ferrari était le premier constructeur adoptant un 12-cylindres à plat qui aurait été très difficile à implanter dans une voiture de course à moteur avant.
Quand la 365 Berlinetta Boxer de série est apparue en 1973, cette technologie était bien maîtrisée. En fait, il s’agissait d’un V ouvert à 180°, d’une cylindrée de 4,4 litres et développant 380 ch à 7 200 tr/mn. Il était large, mais sa configuration permettait d’abaisser le centre de gravité bien que, avec la boîte de vitesses installée juste au-dessous à côté du carter humide (un carter sec n’est apparu que sur la 512 BB), cet avantage n’ait jamais été vraiment exploité.
Le premier dessin de la BB, dû à Pininfarina, présente une simplicité et une pureté qui se perdront un peu sur les version ultérieures. Basée sur le prototype Pininfarina P6 de 1986, le nouveau modèle était dépourvu de tout attribut superflu. L’avant plongeant avec phares escamotables et les plus grands clignotants jamais vus dissimulait un radiateur incliné et un tout petit coffre. Les flancs étaient dénués de prises d’air parasites et un aileron élégamment intégré à l’arrière du pavillon orientait le flux d’air vers les quatre carburateurs Weber. Curieusement, les six feux arrière typiques de la 365 et surmontant les six sorties d’échappements n’apparaissaient pas sur le prototype qui en comportait quatre, comme les 512 qui ont suivi.
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