
Ce n’était pas juste une affaire de vitesse de pointe. La McLaren F1 a été conçue non pas pour être la voiture de série la plus rapide du monde, mais simplement la meilleure du monde. Qu’elle se soit montrée la plus rapide de sa décennie et qu’elle ait remporté une victoire aux 24 Heures du Mans sont des conséquences indirectes de sa pureté de conception.
A la fin des années 80, McLaren s’est imposé comme la meilleure écurie de Formule 1 de son époque. Mais son directeur technique Gordon Murray, progressivement lassé du grand cirque de la F1, réfléchissait depuis plusieurs années à la création d’une voiture de sport sans compromis.
« J’avais l’idée de cette voiture depuis les années 60 au dos d’un cahier d’exercices, » a-t-il raconté à Autocar & Motor. Il a dû être très convainquant pour rallier Ron Dennis, directeur de McLaren, à ce projet mais en 1989 Murray s’est retiré de la conception de monoplaces et McLaren Cars Ltd a vu le jour pour donner vie à la voiture de ses rêves. En mai 1990, il avait réuni l’équipe idéale : « J’ai rassemblé tous ceux que j’avais embauchés et leur ai communiqué toutes mes réflexion sur cette voiture, lors d’une réunion marathon. Cela nous a pris 10 heures. »
Pour motoriser la voiture, Murray a d’abord approché Honda, qui fournissait alors les moteurs de l’écurie et qui était le premier sur sa liste, mais c’est finalement vers BMW qu’il s’est tourné pour la conception d’un moteur spécifique, un V12 atmosphérique de 6,1 litres.
L’équipe McLaren connaissait bien les matériaux composites et une structure en carbone, capable d’accueillir trois personnes, était l’élément-clé permettant d’atteindre l’objectif d’une « F1 pour la route » pesant moins de 1 000 kg. Le conducteur était au centre, entre les deux passagers, juste devant le moteur.
McLaren n’ayant pas réussi à maîtriser les freins en carbone pour un usage routier, les disques en acier ont grevé le poids de la voiture, qui a dépassé les prévisions : Autocar & Motor a mesuré 1 138 kg lors de son essai de 1994, avec un demi-plein d’essence. Mais le moteur a compensé la différence. L’objectif initial était de 550 ch mais, sous sa forme finale, le V12 BMW a atteint 627 ch à 7 400 tr/mn, soit un rapport poids/puissance de 1,8 kg/ch, avec un couple de 66 mkg de 4 à 7 000 tours.
[…]