Une aventure italienne

Serenissima

© Classic & Sports Car / Maurice Louche

Trois Serenissima sortent pour la première fois de l’ombre pour être vendues par Artcurial à Rétromobile. Bonne occasion d’évoquer, avec le comte Volpi qui en est le pilier, les péripéties de cette écurie de course devenue constructeur automobile.

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Pour l’amateur, le nom de Serenissima est entouré d’un certain flou. On pense à l’écurie du comte Volpi, à la singulière histoire ATS, à quelques automobiles énigmatiques, mais sans parvenir à tout classer avec précision. La vente par Artcurial de trois Serenissima est une excellente occasion d’évoquer cette aventure automobile peu commune, initiée par le comte Giovanni Volpi di Misurata. C’est lui qui nous la dévoile ici.

« J’aime l’automobile depuis mon plus jeune âge, » commence-t-il. Son père, Giuseppe Volpi, homme d’affaires influent né dans une famille modeste, fait partie de ceux qui ont contribué à l’épanouissement économique de l’Italie moderne. La fortune qu’il laisse à son décès en 1947 va permettre à son fils de vivre sa passion automobile. Après s’être attaché aux Lancia, il se tourne vers Ferrari et la première qu’il achète est un spyder Farina première série, « une voiture magnifique, mais dont les 12 cylindres ne fonctionnaient jamais tous ensemble. » C’est avec une autre Ferrari, une 250 GT California « qui marchait beaucoup mieux » qu’a lieu en 1960 la première course importante de la Scuderia Serenissima. « A l’époque, j’étais à New York et Giovanni Lurani m’a présenté une personne de Turin, Marisa Zambrini, qui connaissait bien le milieu de la course automobile et pouvait m’aider à monter une petite écurie. Elle amenait Carlo Abate, le meilleur pilote que j’aie jamais eu. » La California est engagée aux 12 Heures de Sebring et remporte la catégorie GT. Ce premier succès lance l’écurie Serenissima, nom de la République de Venise dont Giovanni Volpi est originaire. Cette équipe, en plus d’Abate, va faire courir au cours des saisons suivantes des pilotes tels que Colin Davis, Giorgio Scarlatti, Nino Vaccarella, Jo Bonnier, Lucien Bianchi, Dan Gurney et même Graham Hill, à bord d’automobiles aussi diverses que Ferrari 250 GT châssis court, Testa Rossa et GTO, Cooper Monaco, Maserati Birdcage, Fiat-Abarth, Porsche 718 GT…

Mais revenons à 1960, année au cours de laquelle Giovanni Volpi connaît son premier et seul accident grave : « J’avais acheté une barquette Testa Rossa 2 litres, très jolie voiture que j’ai essayée sur la piste de Modène. C’était encore des freins à tambour donc jamais très fiables, et qui pouvaient tirer à droite ou à gauche selon leur humeur. » A cause d’un blocage de roue intempestif, la voiture part en tonneaux : Volpi est éjecté mais la voiture est complètement détruite. « J’ai eu beaucoup de chance car, pendant toute la période Serenissima, mes pilotes n’ont connu aucun accident grave,” précise-t-il.

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