Gypsy Rose

La reine des lowrider

© Classic & Sports Car / James Mann

Avec sa peinture extraordinaire, cette Chevrolet Impala est devenue la plus célèbre des lowrider qui circulaient dans Los Angeles Est.

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Rares sont les lieux en Amérique qui ont autant stimulé l’âme que Los Angeles Est, dans les années 60, avec ses foules bruyantes, agitées et ses rues animées. Entre le bruissement des échappements, les néons aux couleurs sucre d’orge, les odeurs de tacos mexicains, les notes s’échappant de music halls bondés, la ville frémissait de culture. Le générique de 1974 du sitcom Chico and the Man , accompagné de la chanson de Jose Feliciano, offre un aperçu fascinant du « barrio » tentaculaire du Los Angeles des années 1970, mais l’image la plus évocatrice de ce film vieillissant est de loin celle d’une Chevrolet Impala basse, à la décoration complexe : la plus célèbre de tous les lowrider, Gypsy Rose.

Si les États-Unis étaient dans les années 60 et 70 un vaste mélange culturel, les quartiers Est en étaient le creuset : un lieu où l’héritage mexicain se mêlait, influençait et parfois se heurtait à l’Amérique blanche. Au cœur se trouvait Whittier Boulevard, des kilomètres d’asphalte s’étendant vers l’est depuis l’extrémité de la 6ème Avenue en direction de Brea, et qui sont devenus l’épicentre du mouvement « lowrider ».

C’est sur cette toile de fond que le jeune Jesse Valadez s’est retrouvé après l’émigration de sa famille à la fin des années 50 de Mexico à San Antonio, au Texas, avant de s’établir près de la 6ème Avenue, dans Los Angeles Est. Valadez a été rapidement attiré par les voitures modifiées qui parcouraient les rues et les a rejointes avec une Chevrolet 1957 verte dotée de feux arrière de Pontiac. Avec son frère cadet Armando, il n’a pas tardé à créer un des plus célèbres groupes de lowrider, l’Imperials Car Club.

La Chevrolet a été la première d’une série qui a débouché sur la première Gypsy Rose, une Impala 1960. Avec ses ailes arrière complexes et sa flèche courant sur le flanc, l’Impala était déjà en soi une voiture spectaculaire. Avec une simple peinture rose et le nom peint sur la vitre, les modifications sont restées modestes, au moins par rapport à la deuxième version. Pour sa réalisation suivante, une Impala 1963, Valadez a eu une vision complètement différente des lowrider de l’époque : un dessin extravagant réalisé par un des meilleurs peintres [« pinstriper »] de cette spécialité.

Alors que des célébrités comme Steve McQueen fréquentaient Von Dutch, spécialiste du custom, les vrais connaisseurs se rendaient dans un petit atelier de Van Nuys, au nord de Los Angeles, où opérait un ermite chevelu, Walt Prey. Connu dans sa jeunesse comme le « Kid Striper », Prey s’était fait un nom en peignant des voitures devant chez lui avant de travailler chez Kent’s Customs sur Sepulveda Boulevard, puis chez Carter Pro Paint, avant de s’installer à son compte au début des années 70.

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