En Afrique en Lancia Beta

Le voyage de Felix Furtak

© Classic & Sports Car / Felix Furtak

Après un tonneau effectué par sa Lancia, Felix Furtak a eu l’idée de couper le pavillon endommagé pour se lancer dans un voyage en Afrique.

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« Il n’y avait pas de route, juste des centaines de traces allant dans la même direction, et régulièrement un gros bidon marquant la piste. Si vous en manquiez un et que vous vous perdiez, vous mourriez. » Ce souvenir un peu inquiétant de Felix Furtak, Allemand résidant au Cap, résume sa traversée du Sahara, lors d’un voyage transafricain effectué il y a presque 30 ans, bien avant les GPS et téléphones mobiles.

L’idée de ce voyage est venue d’un pari banal. Les risques encourus pouvaient être limités par le choix d’une bonne monture ; ou au contraire aggravés en choisissant une voiture qui n’était pas réputée pour sa fiabilité, comme la Lancia Beta. C’est avec cette machine souvent critiquée et apparent chant du cygne de la marque italienne que le jeune homme de 27 ans s’est attaqué au désert (et a poursuivi jusqu’en Afrique du Sud), dans les années 80.

Ce choix peut paraître d’autant plus fantaisiste que la voiture affichait 160 000 km et avait fait l’objet d’un remplacement moteur après la casse du précédent, en traversant les Alpes. Oh, et elle avait perdu le toit quand, à la suite d’une autre panne, elle était tombée du camion et avait effectué un tonneau. Mais ce n’est qu’une partie de l’histoire de la Lancia 1975 de Felix Furtak, achetée presque neuve par son père, puis vendue pour financer ses études et rachetée par lui quand il était étudiant, dix ans avant de se lancer sur les pistes du désert.

« Mon père voulait faire plaisir à ma mère et il a acheté la Beta, » raconte Furtak, qui avait 12 ans quand l’élégant coupé est apparu devant leur maison de Stegen, dans la Forêt Noire allemande. « Elle n’avait qu’un an et brillait de sa teinte rouge. Tout le monde aurait été impressionné, » mais pas sa mère. « Elle la trouvait très malcommode car elle ne l’utilisait que pour aller faire ses courses. Nous habitions à 500 m des magasins, mais la Lancia refusait souvent de démarrer. » Au bout de quelques années, la Beta est vendue pour financer les études d’ingénieur de Felix, mais il ne s’en réjouit guère. « Je voulais vraiment la garder, mais mon père disait que ce n’était pas une voiture pour étudiant, » ajoute Furtak. « J’ai laissé tomber mes études et j’ai vécu une vie peu rangée, comme on le fait à cet âge. J’ai pris un travail et économisé pour racheter la Beta. » Comme on peut s’y attendre, la nouvelle n’est pas bien accueillie à la maison : « Mon père a dit : « Tu devais devenir ingénieur, et pas t’acheter une voiture de sport italienne. » » Il prétend que son fils n’aura pas les moyens d’utiliser la voiture, mais celui-ci trouve des idées ingénieuses pour gagner de l’argent : « Un ami a entendu parler de laine bon marché en Tunisie. Nous sommes allés à Gênes, avons pris le bateau et sommes revenus avec 300 kg de laine à revendre. Mais je ne connaissais pas grand-chose aux voitures : le niveau d’huile était au minimum et je me suis dit que ça irait. Et puis il y a eu un « clonk » et la voiture s’est arrêtée. Le prix du voyage a soudain augmenté. »

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