Oubliée dans une grange d’Allemagne de l’Est, cette Porsche 901 s’est révélée être la dernière du genre, avant que le modèle prenne l’appellation 911.
À la façon dont Alexander Klein, directeur du musée Porsche, l’exprime, Peugeot n’a pas tant poursuivi Porsche en justice en 1964 que demandé poliment à la firme de Stuttgart de dénommer son nouveau coupé 2+2 autrement que « 901 ».
Le modèle avait été exposé au Salon de Paris en octobre de cette année-là, et le constructeur français pouvait à juste titre revendiquer la tradition de nommer ses modèles avec un nombre comportant deux chiffres encadrant un zéro, tradition qui remontait à 1929 avec la 201 — et il en détenait les droits sur les principaux marchés. « Peugeot n’était pas concerné par les modèles de compétition (nous avions déjà produit les 904 et 906), mais souhaitait l’exclusivité de ce système sur les voitures de tourisme, » explique Klein.
Peugeot aurait certes pu se manifester un an plus tôt. La Porsche 901 avait en effet été présentée au Salon de Francfort 1963 comme remplaçante de la 356 ; des catalogues avaient été édités avec l’appellation « 901 » et la production en série avait commencé en septembre 1964.
Mais l’intervention tardive de Peugeot donne aux premières 901 encore plus d’importance dans l’histoire de la 911, et l’exemplaire de ces pages serait la toute dernière 901 produite. « Le 22 octobre 1964, Ferry Porsche a dit « Appelez-là 911″, et cet exemplaire a été le dernier des trois produits ce jour-là, sur un total de 55 Porsche 901, » explique Klein quand nous le rencontrons sur le circuit de Sonoma, en Californie.
Ce n’est pas seulement son « Vehicle Identification Number » qui rend cette voiture si particulière, mais également son histoire qui accompagne l’Allemagne coupée en deux des années 60. Elle est aujourd’hui dans un superbe état, mais quand Porsche a appris son existence, c’était une semi-épave incomplète, attaquée par la rouille et souffrant de mauvaises réparations.
Porsche n’aurait peut-être jamais découvert cette voiture si un Allemand de l’Est septuagénaire du nom de Bernd Ibold n’avait pas pris contact avec l’émission de télé-réalité Der Trödeltrupp, sorte de version allemande de Un Trésor dans votre maison. Cela se passait en 2014 et Ibold a indiqué aux spécialistes de l’émission qu’il disposait de deux vieilles 911 (une rouge et une or), et qu’il souhaitait les vendre. Quand les animateurs ont contacté Klein pour une estimation et lui ont lu le numéro de série de l’exemplaire rouge, il s’est figé comme si ses numéros de Loto venaient de sortir. « Quand ils ont dit « 300057 » j’ai su que c’était un des tous premiers exemplaires, » indique Klein, les yeux brillant en évoquant ce souvenir. « Je leur ai demandé s’ils étaient sûrs, et ils ont lu à nouveau : « 300057 ». Il fallait que nous allions voir. »
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