Citroën Traction 15-Six

Pour le Monte-Carlo !

© Classic & Sports Car / Manuel Portugal

Sous son apparence anodine, cette Traction 15-Six a été refaite et modifiée en souvenir d’un exemplaire qui s’était distingué au Monte-Carlo.

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Elle fronce les sourcils et agite la tête, avant de retourner à ses affaires. Nous roulons à la vitesse d’un cortège funéraire et avons perdu de vue la voiture du photographe. Derrière cette dame coiffée d’un foulard et armée d’un bâton, sans parler du troupeau de vaches qui se dandinent lentement, nous avons tout le temps de regarder le paysage. Nous sommes à mi-chemin du sommet d’une petite montagne, avec des murs de pierre usés par le temps et du matériel agricole abandonné dans un champ. Au loin, des éoliennes tournent lentement et il y a derrière nous un monsieur âgé à bord d’un très bruyant microcar.

Et il y a la route : sinueuse, avec un parfait revêtement et parfois une glissière de sécurité pour vous empêcher de tomber dans un autre monde. Ce tracé respire le sport automobile et les spéciales de rallye. Les lacets parfaitement dessinés se rapprochent, et nous avons l’outil idéal pour les parcourir : une Traction 15-Six 1951. L’outil parfait, vraiment ? En fait, ce n’est pas une Traction habituelle.

Revenons une demi-heure plus tôt : sur le parking, les regards échangé entre les mécanos et le propriétaire laissent entendre qu’il ne faut pas se fier à l’apparence de cette paisible berline. Il fallait donc s’attendre à la surprise qui a été la nôtre quand nous découvrons la réalité : une fois libérée du troupeau de bovins qui rallie tranquillement sa pâture, la Reine de la Route s’élance dans un crissement de pneu. Ouah, les roues patineraient-elles sous l’effet de l’accélération ?

J’enclenche la deuxième sur la grille en H vertical, avec un « clonk » prononcé. Assez singulier, le levier de vitesse coudé sort du tableau de bord et se trouve à plus d’1,50 mètre de la boîte de vitesse. Il faut aussi préciser que la position des rapports est bizarre : la première est là où vous attendez la quatrième, la deuxième est à la place de la première, la troisième de la deuxième, et la marche arrière de la première. Bien sûr. Mais il est vrai qu’elle a été modifiée car la Traction, dans toutes ses versions, n’a jamais eu qu’une boîte trois rapports. Elle n’aime pas non plus être brusquée mais, une fois bien installé derrière le grand volant, vous l’oubliez rapidement.

L’habitacle est austère mais il mérite des compliments car il est très spacieux, en partie grâce à l’absence de tunnel de transmission. Le tableau de bord en tôle peinte est la simplicité même, mais il a été complété au fil du temps de quelques instruments additionnels. A l’intérieur, la chaleur est intense et la couleur noire (une seconde nature pour les Traction) n’améliore pas les choses. Quant à la ventilation, elle est symbolique et le fait de pouvoir entrouvrir le pare-brise n’y change pas grand-chose. Cela dit, je découvre que, en essayant les commandes, j’ai par inadvertance ouvert le chauffage : deux conduits dirigent de l’air chaud sur les pieds du conducteur.

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